La violence est de retour en Irak où la capitale a déjà été frappée lundi par une série d'attentats coordonnés contre des hôtels qui a fait 36 morts et 71 blessés. Dix-huit personnes ont été tuées hier dans un attentat-suicide à Baghdad au lendemain d'une série d'attaques sanglantes contre des hôtels, preuve de la capacité des insurgés à mener des opérations sophistiquées malgré une sécurité renforcée. Un kamikaze à bord d'une voiture piégée a projeté son véhicule contre l'institut médico-légal de la capitale, situé dans le quartier central de Karrada, qui s'est écroulé, a indiqué un responsable au sein du ministère de l'Intérieur. Cinq policiers qui gardaient l'entrée de l'institut et 13 civils ont été tués, selon la même source. Quatre-vingts personnes ont été blessées. L'assaillant a réussi à déjouer la sécurité dans le quartier, déjà attaqué la veille, où les barrages et contrôles de sécurité sont fréquents mais n'arrivent pas à repérer ou stopper des insurgés. «Le bâtiment (de l'institut) s'est effondré peu après l'explosion. Des dizaines d'employés travaillent, en temps normal, dans l'institut», a ajouté le responsable sous couvert de l'anonymat. Il a toutefois assuré que les services de secours n'avaient sorti des décombres que des personnes blessées. C'est la troisième fois que cet institut, situé dans une rue commerçante, est visé. Ces violences interviennent en pleine polémique sur l'efficacité de détecteurs d'explosifs achetés par centaines à une société britannique et largement utilisés par les forces de sécurité irakiennes. Le gouvernement britannique a interdit de nouvelles exportations alors que les autorités de Baghdad ont lancé une enquête. La capitale a déjà été frappée lundi par une série d'attentats coordonnés contre des hôtels de la capitale qui a fait 36 morts et 71 blessés. Les insurgés ont prouvé encore une fois qu'ils pouvaient frapper le coeur de Baghdad malgré l'augmentation des mesures de sécurité, décidée après des attentats spectaculaires commis au cours des derniers mois contre les symboles du pouvoir irakien. A quelques minutes d'intervalles, les kamikazes ont fait exploser leur minibus près des hôtels Palestine, dans le quartier d'Abou Nawas, Babel, à Karrada, et Hamra, à Jadriya, dans le sud de la capitale. Les hôtels Palestine et Hamra abritaient la presse étrangère à Baghdad avant et pendant la guerre de 2003. Les trois établissements sont actuellement fréquentés par quelques journalistes, des hommes d'affaires irakiens ou étrangers, et accueillent des forums économiques. Ces attaques interviennent à moins de deux mois des élections législatives, prévues le 7 mars, et constituent un nouveau coup dur pour le Premier ministre, Nouri al-Maliki, et sa coalition. Elles rappellent les attaques ayant visé des symboles de l'Etat irakien en août, octobre et décembre et qui avaient fait plus de 400 morts au total. M. Maliki a accusé une coalition formée d'anciens responsables du parti de Saddam Hussein, le Baas, et des membres d'Al Qaîda d'être responsables de ces violences. L'ambassadeur américain en Irak, Christopher Hill, a «fermement» condamné dans un communiqué publié hier les attentats de la veille et s'est dit «confiant» en la capacité des Irakiens à faire face à cette recrudescence de violences. Lundi, le Premier ministre britannique Gordon Brown a condamné «totalement» les attentats, en estimant que la violence n'avait «aucune place dans l'avenir de l'Irak» alors que Paris a assuré que le pays «gagnera le combat contre le terrorisme». Le chef de l'ONU Ban Ki-moon a, lui, appelé les Irakiens «à rester engagés sur la voie de la réconciliation en dépit de ces attentats, notamment à travers les préparatifs en cours des prochaines élections.»