La branche irakienne du réseau Al Qaîda a revendiqué les attentats à la bombe contre trois hôtels à Baghdad lundi, qui ont fait 36 morts, selon le centre de surveillance de sites islamistes Site hier. «L'Etat islamique en Irak a revendiqué sa responsabilité dans la série d'attentats suicide coordonnés qui ont frappé trois hôtels à Baghdad», a indiqué Site Intelligence Group en citant un communiqué du groupe extrémiste mis en ligne sur des «forums jihadistes le 27 janvier 2010». Lundi, à quelques minutes d'intervalles, des kamikazes ont fait exploser leur minibus près des hôtels Palestine, dans le quartier d'Abou Nawas, Babel, à Karrada, et Hamra, à Jadriya, dans le sud de Baghdad. Trente-six personnes ont péri et plus de 70 ont été blessées. Les hôtels Palestine et Hamra abritaient la presse étrangère à Baghdad avant et pendant la guerre de 2003. Les trois établissements sont actuellement fréquentés par quelques journalistes, des hommes d'affaires irakiens ou étrangers, et accueillent des forums économiques. Selon Site, le groupe extrémiste a affirmé qu'il s'agit de la «quatrième vague de sa campagne» de violences qui a frappé Baghdad depuis août 2009, en citant les trois précédentes séries d'attaques contre des symboles de l'Etat irakien en août, octobre et décembre qui ont fait près de 400 morts au total. Le 19 août, un double attentat suicide au camion piégé contre les ministères des Affaires étrangères et des Finances avait fait 106 morts et 600 blessés. Le 25 octobre, c'était au tour du ministère de la Justice et du gouvernorat de Bagdad d'être visés, faisant 153 morts et plus de 500 blessés. Le 8 décembre, cinq attentats simultanés avaient fait 127 morts et 448 blessés. L'«Etat islamique en Irak», créé en octobre 2004, chapeaute de nombreux groupes islamistes. Cette branche irakienne d'Al Qaîda était dirigée par Abou Moussab al-Zarqaoui tué en 2006 dans un raid aérien américain en Irak. Les insurgés en Irak, affaiblis, ont changé de stratégie depuis six mois: abandonnant la guerre confessionnelle, ils mènent désormais des actions spectaculaires à Baghdad, à l'approche des élections législatives du 7 mars. Des responsables de l'armée américaine en Irak ont averti des risques accrus d'attentats avant le scrutin. Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki n'a eu de cesse d'accuser une coalition formée d'anciens responsables du parti Baas de l'ancien président Saddam Hussein, et des membres d'Al Qaîda d'être responsables des violences. Mardi encore, dix-huit personnes ont été tuées dans un attentat suicide contre l'institut médico-légal à Baghdad qui s'est écroulé, mais cette attaque n'a pas été revendiquée. Les insurgés ont ainsi prouvé encore une fois qu'ils pouvaient frapper le coeur de Baghdad malgré le renforcement des mesures de sécurité.