Une plainte a été déposée contre Israël pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis dans la Bande de Ghaza, il y a une année. L'initiateur de cette action est Maître Gilles Devers. Mandaté officiellement par 450 ONG, et soutenu par 3000 organisations et une centaine d'avocats à travers le monde, cet avocat français a déposé plainte contre Israël auprès de la Cour pénale internationale à La Haye pour les crimes commis lors de l'agression dite «Plomb durci» qui a ciblé la population de la Bande de Ghaza. «Le dossier est actuellement entre les mains du procureur général de la CPI.», a indiqué Maître Devers lors d'une conférence animée hier, au Centre de presse d'El Moudjahid. Condamnant ce qu'il appelle l'inertie de la communauté internationale, cet homme de loi martèle qu'il est grand temps de contrer «l'injuste et l'illégal», en poursuivant Israël en justice pour la criminalité de son agression contre une population isolée et sans défense aucune. Parallèlement, une autre plainte a été déposée par Amira El Karem à la CPI, le 31 août dernier contre l'Etat sioniste. «C'est la première plainte d'une victime de l'offensive contre Ghaza», a expliqué l'homme de droit. Agée au moment des faits de 14 ans, la petite Amira a subi, le 14 janvier 2009, les tirs ciblés des chars israéliens qui avaient envahi le quartier de Tal Al Hawa où elle résidait. Son père, son frère de 13 ans et sa soeur de 15 ans ont été tués par l'armée israélienne alors qu'ils se trouvaient à proximité de la maison familiale. Elle, grièvement blessée à la jambe droite, a miraculeusement survécu à ses blessures, au froid, à la faim, pendant plus de 60 heures, jusqu'à ce qu'elle soit découverte, le samedi 17 janvier. Elle a été soignée à l'hôpital Shifa par une équipe de médecins français, qui ont organisé sa prise en charge en France. Amira Al Karem est déterminée, aujourd'hui plus que jamais, à obtenir justice. D'autre part, Maître Gilles Devers a mis en exergue deux points où Israël excelle à commettre les crimes les plus barbares en toute quiétude car ayant l'aval des Etats-Unis. Il s'agit, selon lui, de «la question des lieux cultuels, et celle du trafic des organes». Pour ce qui est de la première, il a affirmé que toutes les mosquées palestiniennes ont fait l'objet de bombardements israéliens. «S'en prendre aux symboles d'une religion par un Etat sous prétexte que c'est une religion qui ne nous plait pas est inacceptable et est passible de justice», a-t-il souligné. Pour ce qui est du trafic des organes, il a appuyé le rapport Goldstone en indiquant que des cornées, des reins et autres organes ont été prélevés sur les corps de Palestiniens, avant que ceux-ci ne soient rendus à leurs familles. Au plan économique, Maître Devers a rapporté que de nombreuses sociétés et entreprises profitent du climat et des crimes de guerre commis en Territoires occupés pour soumissionner des marchés et exploiter les ressources des territoires palestiniens. Ces entreprises, tout compte fait, peuvent être traduites en justice pour complicité. En effet, l'exemple a été donné dernièrement par l'association France-Palestine Solidarité qui a traduit une action en justice contre le français Alstom, le spécialiste global des infrastructures pour l'énergie et le transport, et ce pour avoir décroché un marché pour la réalisation d'un projet de tramway à Jérusalem-Est. «Le tribunal de Nanterre a reconnu la recevabilité de cette action.», a révélé Maître Gilles.