Dans la wilaya de Tizi Ouzou, pour pallier l'incapacité du secteur économique encore moribond à créer de l'emploi, les pouvoirs publics recourent au traitement social du fléau. Des milliers de jeunes diplômés universitaires et autres sont insérés dans les administrations, payés et assurés socialement par le Trésor public. Comble du paradoxe! Certaines entreprises recrutent dans ce cadre alors qu'elles affichent complet quand il s'agit de payer les postes avec leurs propres fonds. Pour trouver du travail, un jeune diplômé se perd souvent dans un incroyable labyrinthe de démarches. Alors que certains arrivent à bon port, la majorité, par contre, se lasse dans d'interminables va-et-vient et échoue comme des voiliers qui se brisent sur les récifs de la société. Dans leur louable effort de faciliter cette quête souvent vaine, les pouvoirs publics ont prévu des formules et des dispositifs d'insertion. Ainsi, les responsables concernés se retrouvent en train d'apporter un traitement social à un problème purement économique. Ils sont confrontés à des chiffres qui ne prêtent guère à manipulation. Le chômage concerne une grande partie de la jeunesse dans la wilaya de Tizi Ouzou. Les dispositifs comme l'Ansej, la Cnac et l'Andi ne sont pas convenablement exploités à cause du manque de qualification du personnel en charge d'un côté, et du caractère non favorable du climat ambiant, de l'autre. Aussi implacables qu'incontestables, les chiffres sur le chômage dans la wilaya montrent éloquemment le mal qui ronge les structures familiales. Ce fléau détruit comme dommage collatéral, hélas, toute la structure familiale. Passons à la nudité des chiffres. En 2009, à l'instar des années précédentes, la wilaya de Tizi Ouzou n'a que 4 300 offres d'emploi à proposer aux jeunes. Les demandes, elles, sont au nombre de 28.000. L'implacable réalité des chiffres Ce grand déficit se trouve confronté à une autre réalité plus cruelle: 6000 diplômés se retrouvent, chaque année, sur le marché du travail. Cela, sans compter les exclus de l'école avec la déperdition scolaire. En effet, les chiffres sont impitoyables. Ils n'offrent aucun possibilité de tergiversation à moins de vouloir les manier. Lors de sa visite à Tizi Ouzou, le ministre de la Formation et de l'Enseignement professionnels, El Hadi Khaldi, se félicitait de la vivacité de son secteur qui a absorbé 90% des recalés de l'éducation nationale dans une trentaine de CFA existants à travers la wilaya. Les Cfpa offraient ainsi une main-d'oeuvre qualifiée à un secteur économique privé qui en souffrait énormément. Cependant, ses propos ignoraient, à ce moment-là, que les services concernés ne proposaient que quelque 4300 offres d'emploi. Les responsables du secteur gratifiaient de ces chiffres, le ministre du Travail, Tayeb Louh, lors de sa visite dans la wilaya. Ainsi, le secteur économique dans la wilaya de Tizi Ouzou s'empêtre dans son impéripétie à enclencher une dynamique de développement qui résorbera le chômage. Les secteurs étatiques comme les entreprises privées ne trouvent pas un climat favorable à leur épanouissement, laissant place à l'oisiveté et la pauvreté et leurs conséquences. La question est plus que jamais d'actualité. Elle démontre, si besoin, les difficultés rencontrées dans la recherche de solutions économiques aux problèmes du chômage. Les différents dispositifs de création de PME comme l'Ansej, l'Andi et la Cnac font-ils partie d'une stratégie de développement économique ou sont-ils seulement destinés à permettre aux jeunes de se créer un emploi? Leur rôle apparaît dans toute sa confusion au vu de la médiocrité des résultats et de l'approximation constatée dans la gestion des projets. Chômage, précarité, criminalité et que sais-je encore? En effet, le spécialiste en économie se perd dans l'amalgame entretenu s'agissant des objectifs. Les formules en question sont-elles destinées à promouvoir le secteur, purement économique de la petite et moyenne entreprise, ou ne s'agit-il là que d'un traitement social du chômage qui consiste à faire miroiter le rêve de monter une entreprise dans un environnement économique pour le moins hostile? Des chiffres émanant de l'Agence nationale d'aide à l'emploi de jeunes, confirment les appréhensions des économistes les plus optimistes. Cette année, sur les 4089 dossiers déposés au niveau de l'Ansej à Tizi Ouzou, seuls 1871 sont éligibles. Sur ces derniers, seulement 1505 ont reçu l'accord bancaire. A la fin du parcours, ô! combien parsemé d'embûches, seuls 9 94 projets ont atteint la phase de réalisation. Au niveau de la Cnac, la situation est similaire car sur les 504 dossiers déposés, seulement 222 ont atteint la phase d'exploitation. Ce parcours du combattant, une fois franchi, se trouve encore confronté à un environnement économique qui empêche toute initiative de développement. De ces 994 projets, seules quelques dizaines atteignent la phase d'exploitation. La réussite mitigée de ces dispositifs à créer un environnement économique, qui puisse résorber le chômage, laisse aussi dubitatif quant aux autres dispositifs de création d'emploi comme le Daip (Dispositif d'aide à l'insertion professionnelle). Dans la wilaya de Tizi Ouzou, pour pallier l'incapacité du secteur économique encore moribond à créer de l'emploi, les pouvoirs publics recourent au traitement social du fléau. Des milliers de jeunes diplômés universitaires et autres sont insérés dans les administrations, payés et assurés socialement par le Trésor public. Comble du paradoxe! Certaines entreprises recrutent dans ce cadre alors qu'elles affichent complet quand il s'agit de payer les postes avec leurs propres fonds. Doit-on lier la situation sécuritaire non enviable de la région et dans la ville de Tizi Ouzou au chômage? Les chiffres, bien qu'ils soient inquiétants, justifient-ils pareille conclusion? Les questions sont, en effet, légitimes car l'insécurité qui règne dans la wilaya n'a pas toujours pour origine, de jeunes chômeurs. Bien au contraire, cette insécurité est la conséquence de la panne qui paralyse la machine économique locale. En quelques années seulement, avec près d'une centaine de kidnappings et d'enlèvements, la logique des rançons et le terrorisme qui accompagne un banditisme féroce, les plus coriaces des investisseurs ont délocalisé. Les prétendants qui voyaient dans la région des opportunités de développement de leurs entreprises, ont fini aussi par déchanter. Cette saignée a eu, au fils du temps, des répercussions dramatiques. La fermeture des entreprises et les licenciements massifs ont laissé des milliers de familles dans le dénuement. Leurs enfants, encore des écoliers, se retrouveront quelques années plus tard face au chômage qui n'est que le corollaire de cette situation. C'est dans ce climat que les chiffres révèlent leur cruelle intensité. A cet effet, l'APW, qui tenait au mois de novembre sa session d'examen du budget primitif 2010, consacrait une enveloppe budgétaire de 20 millions de dinars pour quelque 94.067 élèves démunis sur 202.576 scolarisés, soit un taux de 46%. De ce constat, qui précise donc que la moitié des enfants scolarisés est pauvre, nous pouvons déduire que la moitié des familles de la wilaya sont dans la même situation.