Grâce à ce voyage en Algérie, beaucoup de jeunes Français ont pu renouer avec leur pays d'origine et d'autres tisser des liens indéfectibles. Après Constantine en juillet, Oran, Béjaïa en octobre et Alger, la caravane de proximité initiée entre les deux associations SOS de Bab El Oued et l'Omja d'Aubervilliers avec le soutien de la Fondation France et le programme concerté pluridisciplinaire, a clôturé sa cinquième étape de voyage à Timimoun en décembre dernier. Placée sous le signe de l'amitié et de la complicité, cette caravane a permis à des groupes de jeunes d'ici et de France de mieux connaître le pays et se familiariser avec les us et traditions de chaque ville. De faire un peu les touristes tout en faisant appel à leur altérité. Entamé à Paris en mars 2009 pour se terminer en apothéose du 23 au 31 décembre dans le Sud algérien, en étroite collaboration avec l'association l'Oasis rouge de Timimoun, son programme pédagogique comprenait plusieurs activités culturelles entre atelier de slam, théâtre et audiovisuel lesquels ont permis à nos jeunes de se frotter à d'autres jeunes en s'initiant à des disciplines culturelles partant de l'échange d'idées et du partage de connaissances. Aussi, chaque escale avait son point d'attache une association locale. A Béjaïa, SOS Bab El Oued travaillait avec l'association Etoile culturelle d'Akbou, à Constantine avec El Amel et à Oran avec SDH santé Sidi El Houari. Une belle surprise en tout cas nous attendait hier matin au journal. Une vingtaine de jeunes issus de l'Omja et SOS Bab El Oued ont été les hôtes de L'Expression. Ils sont venus nous remercier pour notre soutien depuis 2007 et faire part de leur sentiment suite à leur périple grâce à cette caravane de solidarité. «Un brassage ethnique et culturel riche règne au sein de l'Omja. Nous les avons choisis de façon fortuite» nous fait savoir Nasser, le président de SOS Bab El Oued. En effet, parmi ces jeunes, on pouvait remarquer un Kenyan, une Malienne, un Tunisien mais aussi, un Guinéen et de nombreux Français d'origine algérienne dont beaucoup ont pu renouer avec le pays de leurs racines grâce à cette caravane. C'est le cas de Sanissa, 24 ans, qui n'a pas revu l'Algérie depuis 18 ans. Elle est venue à Béjaïa puis à Timimoun suivre un atelier de slam, encadrée par la jeune Julie Benmabrouk. «Je suis venue pour tisser des liens avec des gens qu'on ne connaît pas, pour profiter de ce beau pays. Ce fut l'occasion de découvrir de nouvelles choses, partager. Sur un plan culturel, c'est la première fois où j'ai la chance d'écrire des textes personnels en ayant une meilleure connaissance de moi-même.» De son côté Rabah, 20 ans, venu s'initier à l'art audiovisuel a pu réaliser avec le concours d'autres jeunes un court métrage intitulé Dune de miel (atelier encadré par Saïd Mokrani). «C'est la première fois que je m'implique dans le domaine audiovisuel, que je touche une caméra semi-professionnelle. On est partis de rien. On s'est concertés. On a visité la région. Le film relate cette région. On a tous écrit, à la fin on est sortis avec ce court métrage.» Sur un plan humain, Rabah évoque le mot «mélange» et confie: «On se rend compte que même si on vient de France, d'Alger ou de Timinoun, nous avons tous les mêmes préoccupations des jeunes d'ici, nous partageons les mêmes délires.» Et le responsable de l'Omja, M.Saïd de dire: «Le but était de connaître les traditions et le mode de vie de cette ville et de s'en aller avec ses souvenirs plein la tête.» Très enthousiastes étaient les jeunes venus hier à notre rédaction lesquels n'ont pas omis de relever leur satisfaction quant à la (re) découverte de l'Algérie et les beaux souvenirs qu'ils garderont en rentrant en France. «Echange, transmission et enrichissement» tels sont les mots-clés de ce jeune garçon qui affirme s'être fait plein d'amis. D'aucuns ont souligné aussi le bon accueil et l'hospitalité dont ils ont fait l'objet. D'autres jeunes évoquaient pour leur part la notion de solidarité et d'ouverture sur le monde suite à cette caravane. Preuve d'une grande lucidité et de maturité chez ces jeunes assoiffés de rencontres et de partage avec d'autres jeunes du globe. Pour Kally, il s'agissait, en effet, de tisser des liens d'amitié. Lui, le timide, s'est enfin ret-rouvé, paraît-il, en raison de la couleur de sa peau, répandue chez les gens du Sahara. Quoi qu'il en soit, cette caravane ne doit pas s'arrêter là. Et ses bons résultats sont là pour le montrer. Abolir les frontières et tisser des amitiés au-delà des différences sociales et culturelles ainsi que de la couleur de la peau est le propre de ces périples et missions que tracent l'association SOS Bab El Oud et l'Omja à travers cette caravane. Gageons que ce ne sera pas la dernière!