Les compétences nationales fuient le pays alors que les expertises sont menées par des étrangers. Pas moins de 157.000 cadres (Bac+7) ont quitté le pays en quelques années. Des experts et des consultants jugent qu'il est urgent de mettre fin à cette saignée. Certains pensent même qu'ils devraient bénéficier d'un traitement spécial. C'est l'avis de Abderrahmane Mouafek, directeur général de l'Institut national de la productivité et du développement industriel (Inped). Cet appel a été lancé hier lors d'une table-ronde organisée par le forum d'El Moudjahid sur le thème «Les défis du développement et le programme du gouvernement». D'autres experts et consul-tants à l'image de MM.Amrani et Oukhlifa ont pris part à l'événement. Ils ont appelé les dirigeants politiques à la valorisation des compétences nationales pour préserver ce qui est convenu d'appeler la matière grise. Le directeur général de l'Inped, M.Abderrahmane Mouafek, a interpellé les dirigeants politiques. Il les exhorte à mettre un terme à ce qu'il a qualifié de gaspillage des compétences nationales. Ce gaspillage, explique-t-il, est illustré par le système de rémunération classique qualifié d'injuste. Il affirme qu'il n'est pas possible d'amorcer un plan de développement sans matière grise. En ce sens, le même interlocuteur a affirmé que les formateurs, consultants et experts, devraient bénéficier d'un traitement spécial. Sans cela, avertit M.Mouafek, les entreprises seront vouées à la disparition. La guerre de compétences et de technologies modernes rappelle l'urgence de mettre en place une nouvelle politique. Il s'agit de lancer une économie viable et capable d'attirer les entreprises étrangères. M.Mouafek s'en est pris au système éducatif soulignant qu'il est patent «On ne peut pas se développer avec un système qui enseigne un certain archaïsme religieux», s'est-il indigné, précisant qu'il est nécessaire de mettre en place un nouveau système éducatif qui serait au diapason des technologies modernes. En ce sens, M.Mouafek a préconisé d'inculquer à la nouvelle génération le courage de prendre des décisions avec un système de formation ouvert à la liberté et la modernité. Il a également recommandé la mise en place de centres d'excellence dans le domaine de la formation, estimant que pour atteindre la performance, il est patent d'encourager et de motiver les compétences nationales. Selon M.Amrani, la masse salariale du pays est estimée à 18%. Dans les pays développés, elle est estimée à 50% et 30% dans les pays émergents. Il a préconisé la création de nouveaux postes d'emploi. 55.000 emplois peuvent être créés chaque année en remplacement uniquement des retraités. M.Amrani a relevé l'absence d'instruments pour amorcer un véritable développement économique. En préconisant le patriotisme économique, il a dit que le pays a accumulé un potentiel important en matière de ressources humaines capables de donner un nouveau souffle à l'économie. M.Amrani est indigné par le fait que le pays dépense au moins 10 milliards de dollars en matière d'importation des services. A cela s'ajoutent d'autre dépenses à savoir, 20 milliards de dollars pour la mobilisation des ressources humaines et 30 milliards d'euros pour des projets en difficulté.