Défaillance n La négligence de certains experts algériens et le recours à l?expertise étrangère font perdre au pays 1,5 milliard de dollars US annuellement. «Nos ministères techniques notamment celui des Affaires étrangères et celui chargé du Développement de l?investissement sont les premiers responsables de l?amère situation socioprofessionnelle qu?endure l?ensemble des experts algériens. Leur vision est irrationnelle car même l?expert étranger a, incontestablement, besoin de l?accompagnement des compétences nationales qui, elles seules, connaissent parfaitement la réalité du terrain», a déploré, hier, M?barek Seraï, ancien ministre et consultant auprès de la Banque mondiale, lors d?une table ronde sur le rôle et la place des bureaux d?études dans l?achèvement de la politique du développement national. Le même responsable s?est dit inquiet de l?envahissement du pays par une pléthore de bureaux d?expertise étrangers, notamment avec l?ouverture de l?économie nationale. «Ces bureaux, qui, en réalité, viennent avec des plans d?actions préparés et ficelés dans les grands hôtels européens, constituent des parasites pour le secteur d?assistance et de conseils techniques. Nos responsables doivent reconnaître que seuls les fins connaisseurs du terrain peuvent accompagner et stimuler le processus du développement et de cesser de pousser les compétences nationales vers la fuite à l?étranger ou carrément l?abandon du métier», affirme le même expert, ajoutant, toutefois, que l?anarchie que traverse le secteur et l?inexistence d?une organisation regroupant les experts constituent un autre facteur du «danger qui menace sérieusement l?activité de ces éléments moteurs de l?achèvement du chantier de modernisation de l?économie nationale». L?importance allouée au secteur durant les années 1980 était à l?origine de l?apparition d?un nombre important de bureaux d?expertise, dont Algerian International Consult (AIN), un bureau reconnu à l?échelle mondiale, mis en place en mars 1986. L?instabilité sécuritaire, appuyée par l?accroissement de la bureaucratie et les difficultés économiques durant la dernière décennie, a porté un coup dur à l?activité. Des centaines de bureaux ont été fermés et les experts ont, par conséquent, quitté le pays. «C?est maintenant que les autorités publiques doivent faire appel à nos experts exilés malgré eux et les motiver en vue d?accompagner le chantier de privatisation et du développement économique durable. L?excellente santé financière ne servira à rien en l?absence des cerveaux», estime M. Mékidcèche, vice-président du Cnes. Les experts ont également mis l?accent sur la nécessité d?implanter la culture du recours aux experts chez les investisseurs algériens, mettre un terme à la bureaucratie et élaborer une réglementation rigoureuse pour l?organisation de la profession.