L'ex-international, devenu entraîneur, Chaâbane Merzekane, parle du match de ce jeudi entre l'Algérie et le Mali tout en analysant, pour les lecteurs de L'Expression, la rencontre Algérie-Malawi. L'Expression: Comment voyez-vous ce match Algérie-Mali? C. Merzekane: Ce sera très très dur, croyez-moi. Lors du match contre le Malawi, notre équipe nationale, n'a rien montré. Par contre, les Maliens ont montré leurs potentialités d'intégration avec un superbe retour de Keita qui a montré le chemin des buts. Les Verts aborderont ce match avec zéro point, en revanche, le Mali part déjà favori par un point. Un match nul pourrait lui permettre de se qualifier avec une victoire contre le Malawi. Mais un match nul ne permettra pas aux Verts de se qualifier. Ils n'auront aucune autre alternative que de gagner face aux Maliens. Et puis, cela ne suffirait pas, car il faudrait aussi battre l'Angola. Et ce n'est pas une mince affaire. Nous avons raté nos chances face à cette modeste équipe du Malawi. Je dis modeste, car, les Malawites n'ont pas montré grand-chose dans cette rencontre. Ils ont exploité des erreurs défensives des Verts. Le premier but sur une simple erreur; le second but de la tête alors que nos joueurs ont un bon gabarit et le 3e but sur faute du gardien. Et ce troisième but me rappelle celui qu'on avait encaissé con-tre l‘Egypte. Ce n'est que la photocopie conforme. Mis à part Bougherra qui opère parfois par des tacles, tous les autres joueurs donnaient l'impression de regarder le match! Certains critiquent l'entraîneur alors que d'autres, les joueurs. Quel est votre avis là-dessus? Je ne critique pas. J'analyse. Il y avait une faille du système tactique. Sur le plan défensif, on a remarqué l'inexistence de cohésion. On a vu Bougherra à droite, mais on voit également Zaoui qui n'a pas lieu d'être là en couverture. Ce rôle est en principe dévolu à Halliche. Et c'est le cas, du côté inverse pour Zaoui qui est couvert par Zaoui alors qu'il ne devrait pas être là. D'ailleurs Zaoui n'a jamais joué dans ce poste de latéral mais dans l'axe, sauf une mi-temps contre l'Egypte. Il fallait adopter la tactique du 4-4-2. On devrait donc avoir une défense à quatre: Raho, Zaoui, Bougherra et Belhadj. On écarte Antar Yahia pour blessure, et on le remplace par Zaoui, un joueur qui n'a ni la même qualité, ni la même tactique à ce poste, et encore moins le même rendement. Il fallait donc changer de tactique dans ce cas. Il y avait donc un mauvais placement des joueurs. Et dans l'entre-jeu que notez-vous? Au milieu, on a vu un Ziani qui voulait tout faire et il n'avait personne pour l'aider. Ses coéquipiers étaient visiblement fatigués pour l'interpénétration au milieu. Le relais défense-attaque n'était pas du tout organisé. En attaque, on voit une pichenette de Ziani et Saïfi, seul, qui rate une occasion face-à-face. Ce genre de ratage ne pardonne pas. On s'est créé trois ou quatre occasions qu'on a ratées, il est donc évident qu'on laisse un vide que l'adversaire a bien exploité. Et c'est ce qui a fait qu'on a encaissé un premier but. On attendait alors une réaction de la part des joueurs en seconde mi-temps, mais ils ont gardé le même rythme. Le remplacement a été tardif. On devrait opérer le changement dès la mi-temps, car cela permet au staff de bien expliquer ce qu'il faut faire avec aisance. Ce qui permettrait d'ailleurs de gagner du temps. Or ce n'est qu'après sept ou 8 minutes de jeu que le changement est opéré. C'est une perte de temps. Et ça ne pardonne pas aussi. Y a-t-il eu également des lacunes en seconde mi-temps? Bezzaz est un ailier gauche, il ne doit en aucun cas jouer à droite. Car, ainsi, il sera handicapé. Ce n'est pas un homme à couloir droit. Le staff technique et les joueurs ont été à côté de ce qu'on attendait d'eux. On n'a pas su gérer le match et le coaching a été mauvais en seconde période. Quant à l'intégration de Ziaya en seconde période, celui-ci a raté une occasion de la tête pour ouvrir le top, mais il a failli. S'il avait marqué, cela aurait encouragé et stimulé pour tenter l'égalisation. A votre avis, que faut-il faire pour espérer gagner contre le Mali? Il faut jouer le tout pour le tout. Il faut jouer avec un pressing haut et empêcher les joueurs maliens de s'exprimer et il faut nécessairement oublier cette histoire de chaleur et de taux d'humidité...J'ai joué en Angola et on avait fait match nul (0-0). On s'est mis d'accord, nous les joueurs, à garder le ballon. Et on n'avait nullement les moyens dont disposent actuellement les joueurs. Et on conservait le ballon. Puis le chef de délégation (M.Sekkal, si je ne me trompe pas) nous reprochait de ne pas accélérer le jeu. Mais parce qu'il était dans la tribune, et une fois sur le terrain, il change d'avis en fin de partie en nous félicitant tout en présentant ses excuses. C'était dur sur le terrain avec cette grosse chaleur et ce taux d'humidité, mais on a bien su gérer le match. Car, là, on pourrait facilement perdre 2 à 2,5 kg. Il faut donc jouer le Mali comme à Khartoum. C'est comme si c'est le match de la qualification. Il ne faut pas du tout rester derrière et attendre, comme ce fut le cas souvent. Il faut carrément jouer l'offensive. Il faut attaquer, attaquer et toujours attaquer. Il faut se bagarrer et avoir cette volonté de fer comme lors du match de Khartoum. Car, ce serait vraiment mauvais d'être éliminé dès le premier tour. D'autant qu'on est tombé sur le groupe le plus faible... Le groupe le plus faible, dites-vous!? Oui. On vient de voir le match de l'Egypte et celui entre le Bénin et le Mozambique, et je vous certifie que ces équipes sont vraiment supérieures à celles du Malawi, de l'Angola et du Mali. Le Burkina Faso a aussi montré que c'est une grande équipe avec ce match superbe contre la Côte d'Ivoire. Il y a aussi des points faibles chez les Maliens qu'il faudrait exploiter... Il faut jouer l'offensive. Il faut jouer avec un Ghezzal et Ziaya en attaque et il va falloir qu'ils soient épaulés par deux ailiers. Il faudrait, par exemple, un Bezzaz à gauche et un autre à droite, pour distiller des balles sur les têtes de Ghezzal et Ziaya qui excellent dans ce jeu. Des joueurs aux ailes, permettent d'inverser le jeu, car l'axe du Mali est très prenable, c'est visible. La défense malienne est trop lourde. La preuve, les deux buts de l'Angola, celui sur coup franc puis une tête plongeante et le second de Flavio. C'est donc avec deux attaquants et deux joueurs sur les côtés en attaque qu'il faut procéder pour bien inverser le jeu en profondeur et nous permettre enfin de regarder tranquillement cette CAN jusqu'aux quarts de finale et pourquoi pas, les demi-finales. Enfin, je souhaite bonne chance aux joueurs et au staff technique.