Les 7200 salariés du complexe d'El Hadjar ont marché jeudi sur un parcours de 3 kilomètres qui relie le siège de la direction à leur usine. La filiale algérienne du géant mondial de l'acier implantée à Annaba est-elle à bout de souffle? Selon toute vraisemblance la réhabilitation revendiquée de la cokerie toucherait aussi la totalité des autres unités du site dont les différentes structures seraient à ce point vieillottes. Les dirigeants d'ArcelorMittal souhaitent négocier un plan de développement avec le gouvernement algérien qui doit toucher l'ensemble des structures du complexe sidérurgique. Le mouvement de grève entamé mardi est monté en intensité ces dernières quarante-huit heures. La grève semble vouloir se durcir. «Nous resterons en grève jusqu'à ce que les pouvoirs publics donnent leur accord pour négocier avec ArcelorMittal le plan de développement de toutes les installations du complexe (y compris la cokerie)», a affirmé jeudi le secrétaire général du syndicat de l'entreprise. Smaïn Kouadria avait annoncé la couleur la veille: «Au cours de leur marche, les travailleurs se dirigeront vers le siège du groupe Sider avec un semi-remorque dont la benne sera remplie de coke. Une partie de ce chargement sera déversé devant la porte d'accès du groupe.» Un geste symbolique, sans doute, qui doit en dire long sur la colère noire de ces forçats des hauts-fourneaux. C'est aussi par la voix du tout puissant patron de la section syndicale du complexe d'El Hadjar que fut dévoilé l'hypothétique plan de modernisation des structures du site qui doit se faire conjointement entre les pouvoirs publics et la direction d'ArcelorMittal. «La direction a demandé l'accord du gouvernement algérien pour négocier avec lui un plan global d'investissement sur quatre ans, destiné à moderniser toutes les unités du complexe, y compris la cokerie», a révélé le patron du syndicat. D'après ce dernier, un accord aurait été arraché au président-directeur général du groupe Sider qui, rappelons-le, détient 30% du capital d'El Hadjar en vue de la mise en oeuvre de ce plan de développement des installations du site. Amar Belkacemi s'y serait engagé mercredi, selon les informations fournies par M.Kouadria, devant les 7200 travailleurs que compte le complexe. A l'origine de ce mouvement de revendication déclenché mardi dernier, se trouve la réhabilitation de la cokerie, qui emploie 320 personnes, mise en veille au mois d'octobre 2009 et dont la fermeture définitive a été annoncée le 10 janvier. Les négociations concernant le plan d'investissement préconisé par la direction d'ArcelorMittal qui doit s'étaler entre 2010 et 2014 risque de buter sur son financement: 200 millions de dollars. Une enveloppe que le syndicat rejette et qualifie d'insuffisante pour ne pas dire dérisoire. Il faut dire que certains scandales qui sont mis sous les feux de la rampe ces jours-ci ont une odeur de «blé» qui sent plutôt mauvais. Et si la réhabilitation de la cokerie du complexe d'El Hadjar n'était que l'arbre qui cacherait la forêt? il n'y aurait rien à redire. Personne ne crierait au scandale. «Les transactions douteuses à ArcelorMittal El Hadjar représentent un taux de 10% par rapport au chiffre d'affaires de l'entreprise. Officiellement élu et installé, notre syndicat a aujourd'hui toute la légitimité requise pour combattre la malversation et le trafic qui nuisent à notre entreprise. Et c'est ce que nous allons faire», avait révélé Smaïn Kouadria au mois d'août 2009, lors d'une conférence de presse organisée en marge de la cérémonie de son installation à la tête du syndicat de l'entreprise.