Ce groupe, qui activait à l'ouest de la Kabylie, s'est écroulé comme un château de cartes. C'est le cinquième groupe démantelé par la Gen-darmerie en six mois. A Si Mustapha, les gens ne parlent que de cela: l'arrestation inattendue et spectaculaire de 14 terroristes. Divisés en deux groupes, actif et de soutien, les membres de ce groupe, affilié vraisemblablement au Gspc, s'apprêtaient encore, il y a quelques jours, à commettre un triple assassinat, le même jour, sur un membre des GLD de Zemmouri, un vice-président de l'APC de cette ville et un jeune délinquant. Mais ils furent arrêtés au moment où ils se préparaient à prendre les armes et à commencer les opérations. Selon des sources proches du tribunal de Dellys, le groupe est passé, hier, devant le procureur de la République. Les brigades de gendarmerie de Zemmouri et de Si Mustapha, qui ont déclenché l'affaire et procédé aux arrestations, sont restées muettes à ce propos, nous invitant à prendre contact avec le groupement. C'est finalement auprès d'un frère d'un mis en cause que nous avons glané ces quelques informations. Agissant sur filature, la gendarmerie de Zemmouri a commencé par arrêter un terroriste qui a immédiatement dénoncé ses acolytes, au nombre de six. Le premier groupe, composé de sept terroristes actifs, en cite encore sept autres, chargés du soutien, de la logistique, de l'aide et de l'assistance, de l'information et de la messagerie. Les armes des deux groupes ont été saisies, ainsi qu'une bonne quantité de moyens audiovisuels et informatiques, ce qui renseigne sur l'importance du groupe. Selon le frère d'un mis en cause (groupe de soutien), les gendarmes de Si Mustapha ont récupéré, au domicile de l'un des activistes du groupe, plusieurs disquettes contenant de la littérature de propagande, notamment celle diffusée par le MAOL, des cassettes de prêches subversifs du Gspc et des publications, tracts et autres opuscules faisant l'apologie du djihad. Selon une source sécuritaire à Si Mustapha, ce groupe est bien celui qui a perpétré l'assassinat de trois «patriotes» (GLD, ndlr), fin 2001, à Ouled Ali, de deux autres patriotes en février 2002 et qui a volé une quantité de fusils de chasse aux patriotes de Si Mustapha, il n'y a pas si longtemps. Au moment de l'arrestation du premier groupe, les armes ont immédiatement été cachées par le groupe de soutien, mais les gendarmes ont pu trouver dans l'écurie aménagée en cache d'armes, des quantités d'ammoniac et de soufre, destinés vraisemblablement à la fabrication de bombes et d'explosifs. C'est pratiquement le cinquième groupe important démantelé par la Gendarmerie nationale dans la wilaya de Boumerdès en moins de six mois, dont les plus importants restent le groupe des 15, puis des 11 et encore des 11 derniers terroristes arrêtés il y a une quinzaine de jours, à la suite de l'assassinat, dans un attentat à l'explosif, d'un chef de patrouille de gendarmerie et d'un GLD à Sidi Daoud. Ce qui donne un nombre élevé, avoisinant la centaine de terroristes arrêtés en quelques mois à Sidi Daoud, Dellys, Zemmouri, Si Mustapha, Sahel Bouberak, etc. La spécificité du dernier groupe arrêté c'est que, aucun, parmi les sept activistes, n'a un passif judiciaire, ou n'est fiché dans les dossiers des services de sécurité. C'est pratiquement monsieur tout-le-monde, et rien ne le distingue des citoyens ordinaires. Autre détail à saisir au vol dans la suite des arrestations effectuées dans la wilaya de Boumerdès: l'importance des réseaux de soutien aux groupes terroristes. La richesse des régions côtières comme Dellys, Zemmouri, le Figuier, Sahel Bouberak, et l'importance des récoltes des plaines environnantes (culture de pêches, poires, olives, pastèques, raisins...) a fait qu'un nouveau filon a été suivi par les hommes de Hattab: l'impôt sur les récoltes. Cette stratégie permet de financer les opérations des groupes armés et des réseaux de soutien, ainsi que le paiement des hommes ou le «soudoiement» des complices. Enfin, l'implication de personnes âgées, de profession et de milieux sociaux et culturels divers incite aussi à jeter un regard sombre sur la situation et la lutte antiterroriste. Beaucoup de personnes sont impliquées dans des opérations de gain d'argent, de soutien ou de financement de terrorisme et il faut du temps, beaucoup de temps,; pour en venir à bout. Avec le prix à payer.