Le soutien au terrorisme est-il considéré comme terrorisme? Oui, disent les spécialistes de la criminalité organisée, sans s'encombrer de qualificatifs aussi creux que réseaux dormants, groupes de soutien, de logistique, etc. C'est à ce constat que sont arrivés les services de sécurité de Boumerdès avec le démantèlement d'un vaste réseau, tantôt actif, tantôt «dormant», de soutien au Gspc, l'organisation armée hégémonique dans la région, et qui «communique» à la fois avec Tizi Ouzou et Bouira. L'enquête déclenchée après l'arrestation, puis les aveux d'un terroriste actif, M.Taleb, capturé armé dans la wilaya de Boumerdès, ont permis de remonter la filière. Au bout, un réseau structuré, mieux: une vaste toile d'araignée dont le soutien multiforme et actif aux éléments armés du Gspc a été prouvé. Il s'agit donc de quinze personnes activant entre Benchoud et Beni Slimane, sur les hauteurs de Médéa. Ce groupe fournissait pratiquement tout au Gspc: armes, nourriture, gîte, habillement et point de chute en milieux urbains. Une personne parmi le groupe était chargée de faire le lien entre Boumerdès et Beni Slimane et une autre était chargée de transmettre les directives et les informations entre Boumerdès et Tizi Ouzou, fief traditionnel du Gspc. L'ensemble du groupe a été entendu par le juge d'instruction, puis placé sous mandat de dépôt. Ce coup de filet remet sur le devant de la scène l'épineux problème des réseaux dormants, solidement implantés dans le tissu urbain. Les dernières transformations de la guérilla terroriste confirment cette option. Traqués puis chassés hors de leurs sanctuaires traditionnels, les groupes armés, toutes tendances confondues, quittent les maquis et se dirigent, par poignées d'hommes, vers les villes et les grandes agglomérations urbaines, où ils pourront, par l'intermédiaire des réseaux dormants, trouver le nécessaire à leur nouvelle vie et se fondre dans l'épaisse foule des villes. Cette thèse a été vérifiée lors de la traque puis la mise hors de combat de Zouabri et ses deux comparses, tués le 8 février en plein centre de Boufarik, dans une belle petite maison de style colonial, sise près d'un centre d'apprentissage pour jeunes filles, d'une pharmacie, d'épiceries et de clubs informatiques, c'est-à-dire au milieu d'une cité et de la foule qui y vit. Questionné à ce sujet, le général-major Fodhil-Chérif nous avait répondu qu'«effectivement, beaucoup de travail est fait, et beaucoup reste à faire en direction des réseaux dormants». Le coup de filet réussi à Boumerdès confirme cette orientation prise par les services de sécurité et qui s'appuie principalement sur le renseignement, l'arme ultime et efficace dans la lutte antiterroriste en milieu urbain. Depuis le début de l'année 2001, entre 200 et 300 personnes ayant peu ou prou des «affinités actives ou passives» avec les groupes armés, ont été appréhendées. Le plus inquiétant est qu'il s'est souvent agi de personnes impliquées directement et qui offrent toutes les caractéristiques de gens rangés, sérieux, fonctionnaires ou au chômage, pères de famille ou brillants étudiants. Il y a aussi le pire : parfois ces éléments de soutien sont des GLD, des éléments de la garde communale ou des patriotes engagés dans la lutte antiterroriste. Le cas le plus édifiant a été signalé cette semaine avec l'arrestation d'une dizaine de GLD à l'ouest du pays, notamment à Sidi Bel Abbes.