Les stratégies ont déjà été planifiées. Au moment où certains partis politiques ne se sont pas encore prononcés sur les locales, d'autres affûtent leurs armes électorales et préparent déjà leur campagne. Ces partis ont déjà planifié leurs stratégies et établi leurs thèmes de campagne inspirés des problèmes quotidiens des citoyens et surtout de la contestation populaire qui s'est encore durcie ces derniers mois. Ainsi, le mouvement El-Islah et le MSP ont déjà orienté leurs discours sur la dégradation des moeurs dans le pays et la prolifération inquiétante des cabarets dans les grandes villes. Les récentes descentes punitives dans les localités de Bordj El-Kiffan et El-Kala, ont donc donné raison aux leaders des mouvements islamistes connus pour leur rejet de toute forme d'évolution des moeurs. Le mouvement El-Islah de Djaballah a réussi tout de même à dépasser, sur le terrain du discours religieux de la contestation, le MSP, en étant le premier et même le seul parti à dénoncer la campagne de publicité des boissons alcoolisées dans la presse écrite. El-Islah qui a réussi «un bon coup» électoral a poussé le ministère de la Santé à s'aligner sur sa position et à demander la suppression immédiate de cette campagne publicitaire des quotidiens nationaux. Le mouvement El-Islah, fort de son poids politique à l'Assemblée, essaye de maintenir la pression sur les pouvoirs publics pour assainir la société et faire face à ce nouveau fléau qui la gangrène: les cabarets. Les prêches politiques de Djaballah ont obligé les pouvoirs publics à empêcher que des femmes soient employées dans ces lieux de dépravation et ce, afin d'éviter de nouvelles émeutes. Pour le FLN, parti vainqueur aux dernières législatives et qui entend rafler la mise aux prochaines locales, son thème favori reste: «la correction politique». Pour ce faire, il doit utiliser les erreurs des autres gestionnaires et plus particulièrement ceux du RND, qui font face actuellement à une grande contestation de la part des citoyens de leurs communes. Le thème du FLN dans les locales sera aussi extrait du programme du gouvernement, M.Benflis, qui est aussi SG du parti de la majorité et qui entend régler les problèmes de l'eau et du logement. Le FLN espère tirer profit de la bonne position de son secrétaire général pour s'implanter dans le pays. Il a déjà concocté les listes de ses candidats, dont la plupart étaient dans l'ancien parti majoritaire. D'ailleurs, le RND a du mal à rassembler ses listes. Tous ceux qui ont été approchés ont déclaré forfait. Des candidats qui ne veulent pas servir de «cobayes politiques» comme ceux du 30 mai. Le RND, qui n'a pas encore établi sa stratégie de campagne pour les locales, pourrait abandonner son discours habituel antiterroriste pour un discours novateur qui le sauvera le 10 octobre prochain de l'éventuel «naufrage». Au FFS, on préfère ne pas parler de thème, mais de campagne. Le parti d'Aït Ahmed, qui a surpris toute la classe politique, en entrant dans la course aux élections, optera pour son discours favori de paix, de stabilité et de sauvegarde de l'unité de la nation. Le FFS ne se limitera pas à défendre la Kabylie et à demander le règlement de la crise dans la région. Quant au PT, qui a choisi de faire l'impasse sur les locales, il restera sur la même ligne politique prônée par la porte-parole du parti de Mme Louisa Hanoune, qui consiste à demander la fin de la politique de privatisation du pays, l'annulation de l'accord d'association avec l'Union européenne et surtout la révision du programme du gouvernement Benflis. Il est clair que devant la diversité de la crise dans le pays chaque parti politique trouvera son compte dans des locales qui s'annoncent d'ores et déjà comme les plus controversées de l'histoire du pays.