Les managers du secteur public redoutent le spectre d'une opération dont l'ampleur rappelle singulièrement celle des années 1990. La panique générale s'est emparée des sociétés publiques du pays. Au lendemain de l'éclatement du scandale de la Sonatrach, société qui assure 98% des recettes du pays, les gestionnaires redoutent une paralysie totale de la prise de décision dans ces organismes hautement stratégiques. Et pour cause, le scandale de la Sonatrach a eu un effet boule de neige. Pas moins de 6 hauts cadres de la compagnie, dont le P-DG, Mohamed Meziane, ont été mis sous contrôle judiciaire, alors que deux autres sont sous mandat de dépôt. Les motifs de cette affaire n'ont pas été révélés. Toutefois, selon certaines indiscrétions, il s'agirait de malversations à l'occasion de passations de marchés avec des bureaux d'études ou des sociétés spécialisées dans la sécurité. Actuellement, le vice-président de l'activité Aval, Abdelhafid Feghouli, assure l'intérim à la tête de Sonatrach. Elément que les observateurs perçoivent avec beaucoup d'appréhension. Ces derniers craignent que le processus de prise de décision soit gelé au niveau de cette société ainsi que de beaucoup d'autres. Celui-ci induit par le renforcement des procédures de contrôle interne. Ces dernières à leur tour limitent ces gestionnaires à gérer les affaires courantes, évitant de prendre des initiatives et des décisions qui risquent de les mener directement en prison. D'autent qu'avant la Sonatrach, d'autres scandales ont éclaté au niveau d'autres sociétés et organismes stratégiques du pays. Il s'agit entre autres du groupe pharmaceutique Saidal, dont le directeur général, Rachid Zaouani, a été relevé de ses fonctions, le 15 novembre dernier. Aït Yahia Arezki, directeur du service analyse et synthèse (DAS) au sein du groupe, a été désigné comme intérimaire jusqu'au 31 décembre, en attendant la nomination d'un nouveau DG. Opération qui tarde à venir. Ou encore l'affaire de l'ex-P-DG de la cimenterie de Chlef condamné à deux ans de prison ferme pour «abus de pouvoir» après plainte du syndicat de cette entreprise. De leur côté, les gestionnaires publics redoutent le spectre d'une campagne «mains propres» dont l'ampleur rappelle singulièrement celle du milieu des années 1990. Une campagne qui ne tardera pas à toucher, selon certaines informations, le deuxième grand groupe du secteur de l'énergie, à savoir la Sonelgaz. Selon le quotidien électronique «Tout sur l'Algérie», l'opération «mains propres» touchera la Sonelgaz, visée par une enquête des services de sécurité. Cette source précise qu'une information judiciaire a été ouverte pour déterminer les responsabilités de hauts cadres du groupe dans l'attribution de contrats dans le domaine des canalisations. Et d'ajouter que c'est l'enquête sur Sonatrach qui a mis les services de sécurité sur la piste de Sonelgaz. Les mêmes entrepreneurs privés mis en cause dans l'enquête sur le volet canalisations de Sonatrach ont également remporté des contrats avec Sonelgaz. Contacté par la rédaction pour confirmer ou infirmer ces informations, le groupe n'a pas voulu faire de déclaration. Néanmoins, il est à noter qu'aucune inculpation n'a été prononcée contre des dirigeants de Sonelgaz.