Incontestablement, la percée de l'euro face au dollar n'est pas pour satisfaire les pays membres de l'organisation. Les pays membres de l'Opep, qui se réuniront prochainement à Osaka, auront, cette fois-ci, non seulement à décider du maintien ou non du niveau de leur production, mais à examiner la demande algérienne de réviser son quota à la hausse. Une décision qui interviendrait dans une conjoncture économique particulièrement difficile, marquée vraisemblablement par de nouvelles données géostratégiques et qui pourraient hypothéquer l'avenir du cartel. Cette situation risque fort de mettre en difficulté leurs économies, généralement dépendantes des exportations en hydrocarbures et fortement sensibles à une hausse fâcheuse du coût des importations. Cet état des lieux est d'autant plus pénalisant que le niveau de production actuel est l'un des plus bas que l'Opep ait enregistrés depuis pas moins de 20 ans. Niveau décidé certes pour maintenir les prix dans une fourchette raisonnable, mais ne convenant pas à tous les membres du cartel. Pour nombre de ces pays, dont l'Algérie, les quotas ainsi répartis depuis la première décision de baisse de production compromettent sérieusement les investissements dans l'amont pétrolier. L'Algérie, à titre d'exemple, a des capacités de production qui avoisinent les 1,1 million de b/j, mais se trouve, en revanche, largement pénalisée avec une quote-part de 0,693 million de b/j qui explique certainement que le pays ait dépassé le quota qui lui a été réservé pour atteindre les 0,860 million de b/j au mois de juillet dernier. Outre cet aspect épineux, l'Opep se heurte aux ambitions de la Russie qui, profitant de la situation, s'emploie à optimiser sa production pour devenir une alternative sûre en faveur de certains pays consommateurs qui cherchent opiniâtrement à diminuer leur dépendance quant au cartel. Sans compter, bien entendu, les risques, de plus en plus évidents, d'une demande pétrolière trop réticente. L'on est d'ailleurs déjà confronté au dernier rapport mensuel de l'Agence internationale de l'énergie, selon lequel la demande pétrolière mondiale a été plus faible que prévu au premier semestre 2002 et qu'aucun «redressement n'est en vue avant 2003». Ajoutons à cela des prévisions de politique monétaire volatiles, une croissance mondiale non soutenue et une économie fort précaire. Un tout qui a amené les banques américaines et européennes à tenir un langage pessimiste, à garder les taux d'intérêt à leurs niveaux (au plus bas depuis 40 ans) et à ne pas exclure la possibilité de les réduire davantage pour éviter de tomber, encore une fois, en récession. Autant d'indicateurs qui ne sont pas pour rassurer les plus optimistes quant à une relance économique susceptible de tirer la demande pétrolière à la hausse. Il y a lieu, enfin, d'attirer l'attention sur le risque,, d'une, désarticulation de l'organisation, qui commençait à peine à retrouver sa crédibilité, mais qui, à cause de nouvelles données géostratégiques, risque de disparaître. Les dernières rumeurs selon lesquelles le Nigeria songerait sérieusement à quitter l'organisation et la remise sur le tapis de l'intérêt de certains autres pays à rester membres du cartel sont à prendre en considération. La nouvelle stratégie américaine, qui se tourne plus volontiers vers le pétrole de l'Afrique de l'Ouest, plus particulièrement le Nigeria et la Guinée, et la région Caspienne, est annonciatrice déjà des nouveaux marchés, et donc des nouvelles orientations des pays producteurs.