L'ONU, cependant, a affirmé que «l'espoir persiste» de retrouver des survivants. Depuis mardi dernier, «au moins 90 survivants» ont été tirés des décombres, selon Ocha. Une semaine après le violent séisme qui a fait au moins 70.000 morts en Haïti, l'espoir de retrouver des survivants s'amenuisait hier et la présence militaire américaine se renforçait pour distribuer l'aide internationale à une population aux abois. L'aviation américaine a procédé à de premiers parachutages, larguant lundi, depuis un avion venu de Caroline du Nord, dans le sud-est des Etats-Unis, 14.500 rations alimentaires et 15.000 litres d'eau sur une zone sécurisée proche de l'aéroport de Port-au-Prince. L'ONU a affirmé que «l'espoir persiste» de retrouver des survivants. Depuis mardi dernier, «au moins 90 survivants» ont été tirés des décombres, selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha). Mais à mesure que le temps passe, les miraculés se font plus rares et les blessés affluent toujours en masse vers des centres de soins débordés. Dans un hôpital en ruines de Port-au-Prince, un chirurgien français, Jacques Lorblanches, explique que lui et ses confrères ont opéré depuis samedi trente personnes. Vingt-huit ont dû être amputées. Des scènes de pillages se sont déroulées lundi, mais selon la Mission de stabilisation des Nations unies en Haïti (Minustah), la sécurité à Port-au-Prince «reste stable, avec des violences et des pillages limités et localisés». «La plupart des incidents ont été relevés dans des quartiers déjà classées à haut risque avant le séisme», a souligné la Minustah, citée hier par Ocha qui reconnaît cependant que «des escortes militaires sont nécessaires pour le transport et la distribution de l'aide humanitaire.» Le Conseil de sécurité des Nations unies devait se réunir hier à New York pour se prononcer sur une demande du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, d'envoyer 3500 Casques bleus de plus en Haïti afin de renforcer la Mission de l'ONU (Minustah). Celle-ci dispose déjà de quelque 11.000 hommes dans le pays. Sur le front des secours, l'urgence est désormais d'éviter une catastrophe sanitaire: sans accès à l'eau potable et à des sanitaires, les risques d'épidémie augmentent à chaque instant. «Les priorités immédiates continuent d'être l'aide médicale, la gestion des cadavres, la fourniture d'abris, d'eau potable et l'accès à des sanitaires», a indiqué Ocha hier. «C'est la gangrène partout, on ampute à la chaîne. Au sixième jour, on entre dans la chirurgie radicale car on ne peut plus rien faire», expliquait lundi, Hans Van Dillen, chef de mission de Médecins sans frontières (MSF). A Port-au-Prince, huit hôpitaux, dont la moitié sont des structures de campagne, sont opérationnels. Six autres devraient être mis en route dans les prochaines heures tandis que le navire-hôpital américain Comfort avec 1000 lits à bord était attendu dans les prochains jours. Le pays a décrété un deuil national de 30 jours: 70.000 cadavres ont déjà été enterrés dans des fosses communes, selon le secrétaire d'Etat à l'Alphabétisation, Carol Joseph. Les forces américaines estiment que le nombre de morts pourrait atteindre 200.000, ce qui s'approcherait du bilan du tsunami de 2004 dans l'océan Indien (220.000 morts). La secousse a également fait au moins 250.000 blessés et 1,5 million de sans-abri. Malgré des débuts difficiles dans la distribution de l'aide dus à des problèmes logistiques et de coordination, «il y a des progrès, nous avançons sur l'assistance humanitaire d'urgence», a expliqué la porte-parole du Programme alimentaire mondial (PAM), Emilia Casella. Elle a précisé que, selon les dernières données disponibles, le PAM a jusqu'à présent pu porter assistance à «au moins 270.000 personnes». Le porte-avions nucléaire américain Carl Vinson a commencé à distribuer aux sinistrés de l'eau potable dessalée à son bord. Quelque 7500 GI sont désormais sur zone. 2 200 Marines, arrivés lundi à bord du navire-amphibie Bataan, se sont immédiatement mis à participer à l'acheminement des vivres à partir de ce bâtiment, alors que les parachutistes de la 82e division aéroportée établissaient leur camp de base près de l'aéroport de Port-au-Prince. A Saint-Domingue, une première réunion internationale sur la reconstruction a estimé qu'Haïti avait besoin de dix milliards de dollars sur cinq ans pour se rétablir. L'ONU, qui a lancé un appel d'urgence de 575 millions de dollars, a indiqué avoir déjà reçu 105 millions de dollars à la date du 18 janvier.