La désinformation et la méconnaissance de la question du Sahara occidental ne peuvent conduire qu'à de la manipulation. «Il faut que l'Algérie autorise le recensement de la population des camps de Tindouf», aurait déclaré l'acteur Jeff Fahey de la série américaine Lost (Les disparus), Planète terreur... dans une interview publiée le 15 janvier sur le site du quotidien Aujourd'hui le Maroc. C'est encore à une grossière tentative de manipulation et de désinformation à laquelle s'est livré notre confrère marocain, qui a tenté d'exploiter la visite effectuée par l'acteur et producteur new-yorkais dans la ville d'El Aâyoune, pour faire la promotion du plan de large autonomie que propose le Maroc dans le cadre de la résolution du conflit du Sahara occidental. Jeff Fahey, qui a déclaré s'être rendu quatre fois dans la ville de la militante des droits de l'homme, Aminatou Haïdar, en l'espace de seulement six mois et avoir découvert l'affaire du Sahara occidental lors de sa participation au Festival international du film de Marrakech, a pourtant bien fixé les limites de son engagement en faveur des populations déplacées à travers la planète. «Ce qui m'intéresse dans cette affaire c'est la question des réfugiés, je ne m'immisce pas dans ce qui est politique. Lors de mes différentes expériences avec le comité américain pour les réfugiés et immigrants en Afghanistan (Uscr) et dans d'autres pays du monde, je travaillais sur le côté humain, et c'est le cas avec les réfugiés de cette région», a tenu à préciser le comédien américain. Le journaliste d'Aujourd'hui le Maroc, qui le questionnait sur le charme du chef-lieu du Sahara occidental occupé, ne l'a pas entendu de cette oreille. La machine était déjà en route. Survint alors l'inévitable question de la responsabilité de la condition des réfugiés sahraouis des camps de Tindouf. La désinformation et la méconnaissance de la question du Sahara occidental de la part de quelqu'un qui a avoué ne l'avoir découverte qu'il y a peu de temps et sur laquelle ont buté des diplomates chevronnés, James Baker, Peter Van Walsum...ne peuvent conduire qu'à de la manipulation. Le journaliste n'hésite à aucun moment. Il sent que son interlocuteur, néophyte avéré en la matière, est dans sa poche. Le Front Polisario et l'Algérie sont accusés de détourner les aides humanitaires destinées aux réfugiés sahraouis de Tindouf. «Le détournement des aides humanitaires dans ces camps est devenu une pratique polisarienne et algérienne par excellence...», affirme le journaliste d'Aujourd'hui le Maroc. «Si c'était vrai, ça serait une tragédie...», a répliqué Jeff Fahey qui a vraisemblablement pris la précaution, en conditionnant sa réponse, de ne pas prendre à la lettre les allégations de son interlocuteur. La nouvelle stratégie marocaine, qu'ignore ce dernier, dans le conflit qui oppose le Maroc au Front Polisario, consiste à qualifier les réfugiés des camps de Tindouf de séquestrés tout en les revendiquant comme étant des sujets du Royaume. Si la population marocaine de Tindouf vous demande d'être son ambassadeur, quelle serait votre réponse? demande l'intervieweur d'ALM. «Je suis l'ambassadeur de tous les réfugiés du monde et je serais heureux si ceux de cette région me demandent de l'être pour eux aussi», a répondu le comédien américain. Apparemment, les réfugiés sahraouis des camps de Tindouf n'ont pas jugé utile de le demander. S'y sentent-ils plus en sécurité que dans les territoires occupés? Paraît-il que oui. «J'ai été impressionné par le niveau élevé de l'organisation des réfugiés sahraouis, le rôle joué par les femmes sahraouies dans tous les aspects de leur société, y compris la fourniture de l'assistance humanitaire, ainsi que l'engagement des réfugiés au retour au Sahara occidental dans la sécurité et la dignité», avait souligné dans un message adressé à Mohamed Abdelaziz, président de la République sahraouie, le Haut commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Antonio Guterres, lors de la visite historique qu'il a effectuée à Tindouf au mois de septembre 2009. Les fantomatiques séquestrés marocains auraient dû saisir cette occasion pour faire preuve de leur existence. A moins que finalement, ils ne soient qu'une vue de l'esprit ou un fantasme du gouvernement marocain.