En éliminant la Côte d'Ivoire, l'un des favoris, au bout de la nuit cabindaise, l'Algérie a répondu avec autorité à ceux qui doutaient de sa valeur. Les Fennecs ont-ils forcé le destin? D'une certaine manière, non. La qualification des Verts aux demi-finales rentre comme dans l'ordre normal des choses. Elle intègre le registre des exploits devenus coutumiers, ces derniers temps, auxquels les Fennecs ont habitué leurs fans. Pourtant, à quelques heures de l'entame des éliminatoires jumelées pour le compte de la CAN et du Mondial, les «experts» avaient envisagé toutes les hypothèses, y compris celle d'une élimination prématurée des Verts. Il y a un an, personne ne donnait cher de la peau des Fennecs, notamment après le tirage au sort des éliminatoires jumelées comptant pour la CAN et le Mondial 2010. En effet, en raison de la présence de l'Egypte, double champion d'Afrique en titre et de la Zambie dans le groupe en compagnie de l'Algérie, d'aucuns n'auraient parié le moindre sou quant aux chances de l'Algérie de se qualifier à la CAN, à laquelle elle n'a pas participé depuis quatre ans, et encore moins au Mondial, 24 ans après. Et pourtant, l'exploit fut. Non seulement, l'Algérie s'est qualifiée avec brio au Mondial en écartant de son chemin, l'Egypte, grand favori du groupe, mais jouera également jeudi prochain sa sixième demi-finale de la CAN. Pourtant lorsqu'on voit le parcours sans faute des Pharaons, l'exploit des Verts en terre soudanaise prend toute son ampleur. Certes, les protégés de Rabah Saâdane ont mal entamé la compétition avec une humiliante défaite concédée face aux Flammes du Malawi dans une rencontre jouée sous une haute température et un fort taux d'humidité. Sermonnés, les coéquipiers de Hassen Yebda, véritable révélation de cette CAN, ont su puiser au fond d'eux-mêmes les ressources nécessaires pour se transcender et se racheter en s'imposant par la plus petite des marges contre le Mali de Kanouté. Leur passage aux quarts de finale, ils ne le doivent, dans une certaine mesure, qu'à la victoire des Maliens contre les Malawites, après s'être partagés les points avec les Palanca Negra d'Angola. Ainsi, l'EN est revenue de loin même devant la Côte d'Ivoire de Didier Drogba. Menée au score, à deux reprises, l'Algérie n'a jamais abdiqué. Bien au contraire, les Fennecs ont fourni un match époustouflant devant un mondialiste et superfavori de la compétition. Les camarades de Meghni, véritable métronome, ont montré des qualités insoupçonnées auparavant. Un jeu collectif léché fait de passes courtes et de déviations au point de désarçonner les Eléphants de Côte d'Ivoire qui ont perdu leur trempe. En s'imposant avec l'art et la manière, les joueurs ont prouvé qu'ils avaient du répondant et que les propos du sélectionneur national affirmant que son équipe allait montrer son vrai visage, n'étaient pas de vains mots. Rabah Saâdane savait-il de quoi il parlait? Apparemment oui. Puisque les joueurs ont tenu la dragée haute aux Ivoiriens, notamment sur le plan physique et mental. Pour preuve, ils ont battu l'Egypte à Khartoum quatre jours après une défaite amère au Caire. Ils sont revenus au score dans les dernières secondes du match contre la Côte d'Ivoire alors qu'au bout du temps réglementaire, ils étaient éliminés. Les doutes ne persistaient plus sur la valeur réelle des Fennecs. Ils ont donné une réponse cinglante en étant à la hauteur de l'enjeu dans tous les secteurs: technique, physique et mental. Le stage de Castellet a été en fin de compte bénéfique. Quoi d'anormal? Le football n'a jamais été une science exacte. En éliminant les Eléphants de Côte d'Ivoire, les Fennecs sont désormais les favoris de la Coupe d'Afrique des Nations. Qui l'aurait cru?