Les discussions reprendront probablement en février, c'est ce qu'a annoncé dimanche, à Addis-Abeba, le secrétaire général de l'Organisation des nations unies. Le Conseil de sécurité peut-il se permettre le luxe d'adopter à répétition des résolutions prolongeant indéfiniment le mandat de la Minurso? La mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental créée par la résolution 690 en date du 29 avril 1991, dont une des missions est de veiller à la libération de tous les prisonniers et détenus politiques sahraouis, verra son mandat expirer dans moins de trois mois, soit le 30 avril 2010. La résolution qui succédera à la résolution 1871 pour lui permettre de poursuivre sa mission, sera certainement reconduite dans les mêmes termes sans que l'on ait pratiquement avancé d'un pouce depuis près de vingt ans. Il est vrai que la réunion informelle qui s'est tenue au mois d'août 2009 en Autriche, après une tournée au Maghreb de Christopher Ross, le nouvel envoyé spécial de Ban Ki-moon au Sahara occidental, a été jugée plutôt, prometteuse sans qu'elle n'ait suscité de fol espoir de paix. Le successeur de Peter Van Walsum s'était déclaré «satisfait» de la manière dont s'étaient déroulés les pourparlers. La suite a été une succession d'événements qui ont de manière spectaculaire porté atteinte à la liberté des droits de l'homme. Les militants sahraouis ont été harcelés, arrêtés et emprisonnés par les forces d'occupation marocaines. Ce fut le cas pour 7 d'entre eux. De retour d'une visite dans les camps de réfugiés de Tindouf, ils ont été interceptés le 8 octobre 2009 à l'aéroport de Casablanca puis jetés en prison. Vint le tour d'Aminatou Haïdar, la pasionaria sahraouie, qui fut expulsée le 13 novembre 2009 vers l'île de Lanzarote aux Canaries et qui n'a pu rentrer chez elle à El Laâyoune qu'après une grève de la faim de 32 jours qui a entraîné une solidarité sans précédent de la part de l'ensemble de la communauté internationale. C'est le seul langage connu du Royaume alaouite pour communiquer avec le Front Polisario. Mohamed Abdelaziz a déploré ces atteintes répétées à la liberté des droits humains dans une toute récente correspondance qu'il a adressée à Ban Ki-moon. «Les citoyens sahraouis dans les territoires occupés du Sahara occidental, au sud du Maroc et dans les universités marocaines, vivent dans des conditions caractérisées par la radicalisation de la répression sauvage, la terreur, les procès iniques et le black-out sécuritaire imposés aux observateurs et médias internationaux», a vivement dénoncé le chef de l'Etat sahraoui qui n'a pas, malgré tout, fermé les portes du dialogue. Le Front Polisario veut encore croire aux négociations, mais...Le président de la Rasd n'a pas renoncé à «coopérer pleinement» avec l'ONU et aux efforts déployés par Christopher Ross en vue d'une éventuelle reprise des négociations directes avec le Royaume marocain. Il décrit toutefois les grains de sable qui empêchent la machine de se mettre en route, avec comme objectif, la tenue d'un référendum qui garantirait au peuple sahraoui de se prononcer en faveur de son indépendance. «Vos efforts et ceux inlassables, déployés par votre envoyé personnel, sont aujourd'hui confrontés à l'obstruction croissante et l'intransigeance du gouvernement marocain, dont la politique coloniale expansionniste, continue d'alimenter l'état de tension et d'instabilité dans la région», a précisé dans sa lettre, Mohamed Abdelaziz. Le secrétaire général de l'Organisation des nations unies, de son côté, n'entend pas baisser les bras. Le temps presse. Il le sait. Dans moins de trois mois il sera procédé à une évaluation de son action en faveur d'une solution du conflit du Sahara occidental qui dure depuis maintenant 35 ans. «Si les choses évoluent favorablement, il y a une possibilité pour que les négociations puissent reprendre à la mi-février», a confié Ban Ki-moon en marge du 14e sommet de l'Union africaine qui se tient à Addis-Abeba. Deux jours auparavant, il avait laissé entrevoir la tenue prochaine d'un cinquième round de négociations entre le Front Polisario et le Maroc. «Christopher Ross se trouve en contact avec toutes les parties dans la région depuis sa nomination et a enregistré des progrès dans ce sens. Maintenant, il tente de convoquer les parties pour une cinquième série de négociations», avait fait savoir Ban Ki-moon dans une interview accordée à l'agence de presse espagnole EFE. Ce qui a sans doute influencé la réaction vigoureuse du président de la République sahraouie qui a tenu à mettre en exergue la violente répression qui est menée contre les militants sahraouis qui ne jurent que par l'indépendance de leur pays. Un des points d'achoppement qui pèsera très lourd dans les pourparlers annoncés, entre les délégations sahraouie et marocaine.