Un total de 55 pays, représentant près de 80% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, ont présenté leurs objectifs, a annoncé l'ONU. Les principaux pollueurs, dont la Chine et les Etats-Unis, ont respecté l'agenda de Copenhague en consignant par écrit leurs engagements à la date du 31 janvier, reste maintenant à concrétiser l'aide financière promise aux pays les plus vulnérables. Les pays industrialisés - Etats-Unis, Union européenne, Canada, Japon, Australie, etc. - ainsi que les grands pays émergents ont adressé à l'ONU leurs objectifs de réduction ou de limitation de leurs émissions de gaz à effet de serre pour 2020 afin de lutter contre le changement climatique. Un total de 55 pays, représentant près de 80% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, ont présenté leurs objectifs, a annoncé l'ONU lundi soir lors de la Convention sur le climat des Nations unies (Unfccc). «Une ambition plus forte est nécessaire pour relever ce défi», a reconnu Yvo de Boer, plus haut responsable du climat au sein de l'ONU. «Mais j'estime que ces engagements témoignent clairement d'une volonté de faire aboutir les négociations», a-t-il ajouté. L'Unfccc, qui compte 194 membres, n'a en revanche donné aucune indication sur le nombre total de pays ayant manifesté leur intention de se rallier à cet accord. «La machine est puissamment lancée, ça va nous donner un nouveau souffle», a estimé lundi à Pékin le ministre français du développement durable, Jean-Louis Borloo, se félicitant que les pays les plus vulnérables, des Maldives au Bengladesh, du Pérou aux Philippines, aient également signifié leur soutien à l'Accord de Copenhague. Mais si cet accord, conclu le 19 décembre entre une trentaine de pays, entendait limiter le réchauffement à deux degrés celsius, la somme des engagements est loin de cet objectif, remarquent les observateurs. «On y voit plus clair, mais en l'occurrence on va plutôt vers un réchauffement de + 3,5 à +4°C» note Romain Benicchio, responsable politique de l'organisation Oxfam, à Genève. «La mauvaise nouvelle c'est que les chiffres sur la table rendront très difficile, politiquement et économiquement, d'atteindre l'objectif (des deux degrés) même après 2020», constate également Alden Meyer, directeur de l'ONG américaine Union for concerned scientists. «La bonne volonté est là, même s'il y aura encore des difficultés et des soubresauts», insiste M.Borloo, mais «tous les mécanismes restent à inventer», reconnaît-il. En particulier ceux concernant le financement rapide et à court terme (Fast start) en vue d'aider les pays les plus vulnérables à s'adapter au réchauffement. A Copenhague, 30 milliards de dollars, en aides publiques et privées, leur ont été promis sur trois ans dès 2010. Mais beaucoup redoutent un «recyclage» de l'aide au développement sous couvert de financer la lutte contre le réchauffement. C'est le cas de Monique Barbut, présidente du Fonds mondial pour l'environnement (FEM), seul mécanisme financier reconnu par la Convention climat des Nations unies. «Il faudra regarder en fin d'année si l'aide au développement a augmenté, sinon les pays n'auront pu tenir leurs engagements (sur le) climat qu'à son détriment», relève-t-elle. «Une aide bilatérale pure (entre donateurs et bénéficiaires) est impensable», considère M.Borloo. «Il faut inventer un partenariat et fixer les modalités du fast-start». Cette question pourrait être débattue dès jeudi, à l'occasion d'une réunion informelle des «amis de Copenhague» à New Dehli, convoquée à l'initiative de l'Inde. La seule en vue pour le moment.