Les chefs d'Etat et de gouvernement arrivent en masse dans la capitale danoise et plancheront pendant deux jours pour tenter de matérialiser les travaux de la Conférence mondiale sur le réchauffement climatique, qui se sont ouverts le 7 décembre dernier, par un accord sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre avec, comme objectif, la limitation à 2 degrés du réchauffement de la planète d'ici à l'horizon 2050. Rien ne laisse présager que les responsables politiques feront mieux que leurs négociateurs respectifs et la perspective d'un accord ambitieux ou, du moins, à la hauteur des exigences, s'éloigne de plus en plus. Dix jours de tractations, de négociations et de manœuvres n'ont fait qu'augmenter le scepticisme des organisateurs, susciter le doute et la méfiance des pays du Sud et alimenter la colère des organisations non gouvernementales présentes en force, mais qui n'ont pas toutes eu accès aux travaux. Dix jours rythmés par un bras de fer de titans engagé entre les deux géants responsables de 50% de la pollution mondiale, les Etats-Unis et la Chine. À tel point que les ambitions de la conférence ont systématiquement été revues à la baisse, jusqu'à proposer un projet d'accord plus souple et moins contraignant que le protocole de Kyoto, dont l'unique avantage serait l'adhésion des Etats-Unis. Une telle proposition constitue non plus une avancée dans le dispositif de lutte contre le réchauffement climatique, mais un recul inacceptable pour nombre de participants. Ainsi, les 53 pays africains, premières victimes du réchauffement de la planète provoqué par les pays industrialisés, ont quitté les négociations, exigeant la reconduction pure et simple du protocole de Kyoto, seul outil légal jusqu'à présent pour contraindre les pays pollueurs à réduire leurs émissions. Une manière de refuser la proie pour l'ombre. Il a fallu de rudes négociations pour qu'ils reprennent les travaux, soutenus par les pays en développement, et continuant à exercer de fortes pressions sur les pays du Nord pour consentir des efforts en matière de réduction de leurs émissions de gaz, mais aussi pour débloquer une aide conséquente en faveur des pays du Sud. Seule lueur d'espoir, un accord conclu entre les 53 pays africains et la France de Nicolas Sarkozy. Cet accord maintient l'objectif de la limitation du réchauffement à 2°C d'ici à 2050 et comporte une aide de 10 milliards de dollars par an, pendant trois ans, aux pays africains. Mais la France et l'Afrique, y compris s'ils sont suivis par le reste de l'Europe et les pays en développement, pourront-ils infléchir les positions rigides de la Chine et, surtout, des Etats-Unis ? Rien n'est moins sûr, d'autant plus que Washington a averti qu'il n'est pas question d'aller au-delà du chiffre déjà annoncé de 17%, d'ici à 2020, de réduction de ses émissions par rapport à 2005. Or, rapporté à 1990, date de référence retenue par les autres pays, ce taux ne représenterait plus que 4% en lieu et place des 20% minimum attendus. Pour sa part, la Chine refuse de consentir davantage d'efforts si les Etats-Unis campent sur leurs positions. Il faut, cependant, préciser que dans le tohu-bohu indescriptible de Copenhague, les Africains n'ont pas dit leur dernier mot. La conférence ne peut prendre aucune décision ni sceller le moindre accord sans leur consentement. Pour l'heure, et pour éviter quelque entourloupe des pays du Nord, ils préfèrent s'en tenir à l'acquis de Kyoto dont ils souhaitent la reconduction jusqu'en 2020 et demandent à Washington de ratifier le protocole dans un premier temps. Ce n'est pas gagné d'avance car Barack Obama connaît l'hostilité prononcée du Congrès américain à l'égard de ce dispositif. En réalité, l'échec du Sommet de Copenhague était prévisible tant les enjeux économiques et financiers sont énormes. À moins d'un miracle, Copenhague restera dans l'histoire comme un simple défouloir doublé d'une psychothérapie de groupe, et la gouvernance mondiale se complaira encore longtemps dans ses travers, avec la promesse de tenir la planète bien au chaud.