Treize des plus importantes organisations non gouvernementales israéliennes ont dénoncé hier une «campagne systématique» contre elles, alors qu'Israël se retrouve en position d'accusé sur la scène internationale pour son offensive dévastatrice à Ghaza il y a un an. Dans un appel au président de l'Etat Shimon Peres et au Premier ministre Benjamin Netanyahu, ces organismes de défense des droits de l'Homme leur demandent d'intervenir immédiatement «pour stopper une campagne systématique et allant crescendo» contre eux en Israël. Cette campagne vise à «faire taire les voix de la contestation» alors qu'une «démocratie n'a pas le droit d'étouffer la critique», écrivent dans une lettre ouverte les ONG, dont B'tselem et l'Association israélienne des droits civils. Elles se plaignent de ce que le Shin Beth, le service de sécurité intérieure, convoque certains de leurs membres pour les avertir de ne pas se livrer à des «activités politiques» sous couvert d'action humanitaire, et s'élèvent contre les déclarations incendiaires de certains ministres. Elles rappellent que le ministre de l'Intérieur Elie Yishaï a accusé les ONG actives dans la défense de travailleurs immigrés «d'oeuvrer en vue de la destruction d'Israël». De son côté l'ex-chef d'état-major et actuel ministre chargé des Affaires stratégiques, Moshé Yaalon, a accusé des ONG actives dans la défense des Palestiniens de «détruire Israël» de l'intérieur. «Nous sommes confrontés depuis plusieurs mois à une campagne orchestrée de délégitimation à travers les médias, provenant de l'extrême droite et relayée par des responsables gouvernementaux et militaires», a déclaré Sarit Michaeli, la porte-parole de B'tselem. Elle lie cette campagne à «un sentiment d'isolement accru en Israël, face au réquisitoire de la commission Goldstone» qui a accusé Israël, mais aussi le groupes armés palestiniens, de crimes de guerre durant l'offensive israélienne à Ghaza (27 décembre 2008-18 janvier 2009), qui a fait plus de 1450 morts palestiniens et 13 israéliens. «Quand des ministres accusent le rapport Goldstone de mettre en cause l'existence d'Israël et d'alimenter l'antisémistime, des ONG comme B'tselem, qui lui ont fourni des éléments, se retrouvent traitées de traîtres» souligne-elle. Elle a fait notamment référence à un article au vitriol la semaine dernière sur un site d'extrême droite, accusant ces ONG d'être une cinquième colonne et prenant à partie l'ex-députée de gauche Noémie Hazan, à la tête du «Nouveau fonds pour Israël» coupable de les financer. Pour leur part, des ONG étrangères ont dénoncé en janvier de nouvelles restrictions imposées selon elles par le ministère israélien de l'Intérieur concernant la délivrance de permis de travail dans les territoires palestiniens.