Le ministre des Affaires étrangères français, Bernard Kouchner a fait un déplacement lundi soir au Mali pour s'entretenir avec le président malien Amadou Toumani. Le contexte est clair, il s'agit de l'otage français retenu au Mali depuis la fin du mois de novembre de l'année précédente, Pierre Camatte, enlevé de son hôtel par des éléments de ce qu'on appelle Al Qaîda au Maghreb islamique, en plein nuit. Al Qaîda avait, le dix janvier dernier, donné un ultimatum aux deux gouvernements malien et français pour exécuter l'otage de 61 ans. La nébuleuse avait exigé le versement d'une rançon dont le montant n'a pas été précisé et la libération de quatre de ses membres dont un Algérien. La France ne voudrait certainement pas passer outre les décisions de l'ONU en versant la rançon, chose que l'Italie et l'Espagne dont pas moins de cinq de leurs ressortissants sont détenus par Al Qaîda déclinent officiellement. De son côté, le gouvernement malien ne va tout de même pas libérer les terroristes et en même temps, les négociations semblent, selon des sources très au fait du contexte, aboutir à un compromis. Le déplacement du ministre français est plus qu'un indice, surtout après que les terroristes aient prolongé l'ultimatum. De la discussion entre le président malien et le ministre Bernard Kouchner, rien n'a filtré: les négociations se déroulent dans la plus grande discrétion. Néanmoins de l'avis de certains stratèges la France aurait accepté de verser une rançon, et tente de faire pression sur le gouvernement malien pour libérer les quatre terroristes revendiqués par Al Qaîda. Le Mali qui ne croit toujours pas à la thèse terroriste mais à un acte de banditisme, détiendrait des informations non encore officielles sur ce qu'il avance, sachant qu'Al Qaîda a revendiqué toutes les opérations de kidnappings opérées dans la région jusque-là. Tout ou presque se déroule dans la confusion; au moment où la France avance dans ses démarches pour délivrer son ressortissant, aucune information n'a filtré sur ceux de l'Espagne et de l'Italie. Pour ces deux pays, Al Qaîda a bien compris qu'ils ne vont pas tomber dans le piège et ne répondront pas à son diktat. Pour la France, on ne sait rien encore. Tout reste prévisible a-t-on appris auprès d'une source très au fait du dossier d'Al Qaîda. Le président français Nicolas Sarkozy avait promis que le ressortissant reviendrait vivant parmi les siens, une promesse qu'il doit impérativement tenir, d'abord pour sa réputation d'homme politique et ensuite pour l'image de son pays. Bernard Kouchner est rentré quant à lui, hier même, dans la matinée. La France va-t-elle réellement céder aux exigences d'Al Qaîda? Ce n'est pas impossible, elle n'aura pas d'autre solution pour maintenir en vie l'otage, sinon elle essaiera de gagner du temps.