Les frontières mauritaniennes ne devraient plus ressembler à une passoire et les déplacements des terroristes seront mieux surveillés. «Je ne suis absolument pas désespéré.» C'est ce qu'a déclaré le président malien, Amadou Toumani Touré. Cette déclaration est venue renforcer l'espoir de voir les six otages libérés. Un Français, trois Espagnols et deux Italiens sont détenus actuellement au nord du Mali par les éléments d'Al Qaîda au Maghreb. A ces propos rapportés jeudi dernier par le journal espagnol El Pais, le président malien ajoute que «les choses se déroulent bien. Les familles ne doivent pas perdre espoir». Ces déclarations interviennent quelques jours seulement après le déplacement du ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, au Mali. Il s'est entretenu avec le président malien à propos de l'otage français que les terroristes menaçaient d'exécuter. Le président malien soutient également qu'il travaille avec discrétion et efficacité. Dans ses propos, il souligne aussi que toute opération militaire pour libérer les otages est exclue. Chose qui, a priori, a été revendiquée par des pays dont les ressortissants sont kidnappés. Dans ce contexte, le président malien a déclaré: «Tous, y compris l'Espagne, nous ont dit qu'il ne fallait absolument pas opter pour une solution militaire.» Deux hypothèses sont émises pour tenter de libérer les six otages: soit verser une rançon, ce que l'Espagne et l'Italie refusent, soit effectuer un échange avec des terroristes détenus en prison. Dans les deux cas, c'est une réponse qui sied à Al Qaîda. Par ailleurs, M.Touré souligne que pour résoudre la question relative à la prise des otages, les choses ne sont pas faciles. «Beaucoup de gens interviennent. Nous n'avons pas de contacts directs avec les ravisseurs. Nous passons par des intermédiaires. Il est donc possible que l'argent transite à travers d'autres pays et d'autres personnes», dit-il. Au-delà de la détention d'otages, cette région est marquée par une instabilité politique et sécuritaire depuis 2007. C'est un lieu de prédilection pour les terroristes qui ont multiplié leurs actions contre la population et notamment les ressortissants étrangers. Pour des raisons de sécurité, la Mauritanie où ont été kidnappés les otages espagnols et italiens, a fixé mercredi dernier des points de passage obligatoires au niveau de ses frontières. C'est une manière de mieux contrôler les entrées sur son territoire. Cette initiative ressemble à s'y méprendre à la démarche entreprise par l'Algérie depuis une année afin de permettre de garder un oeil sur ce qui se passe au niveau des frontières. Il s'agit de l'ouverture de 35 points de contrôle au niveau des frontières avec le Sénégal, l'Algérie et le Mali. Dans ce contexte, le ministre malien de l'Intérieur a, par le biais d'un arrêté, demandé à tous les étrangers qui ne seraient pas passés par l'un de ces points, de régulariser leur situation. Il déclare: «Tous ceux qui ne se sont pas conformés à ces dispositions, sont considérés en situation irrégulière et seront traités en tant que tels.» Ces mesures, affirme-t-on, répondent à certains impératifs strictement sécuritaires pour garantir la stabilité du pays. La Mauritanie vit depuis plus d'une année au rythme d'actions terroristes qui visent essentiellement les ressortissants étrangers. Ce pays compte, malgré la faiblesse de ses moyens militaires, renforcer son dispositif de lutte antiterroriste et élargir sa coopération afin de contribuer à stabiliser la bande du Sahel.