Paradoxe! L'actuel directeur a fait la majeure partie de sa carrière dans la communication, dirige une grande entreprise de communication mais ne communique pas! A la tête de l'Entv depuis le 18 novembre 2008, soit un peu plus d'une année, le nouveau directeur général, Abdelkader Leulmi, subit de nombreuses critiques sur sa méthode de diriger l'entreprise la plus sensible du pays. Les détracteurs accumulent des dossiers dans leurs besaces: le programme du Ramadhan, la campagne égyptienne contre l'Algérie, l'achat des droits pour la CAN et surtout une mauvaise relation avec les producteurs privés. Contrairement à son prédécesseur Hamraoui Habib Chawki, le nouveau patron de l'Entv n'est pas porté sur la communication. Depuis son installation, il n'a jamais organisé une conférence de presse pour présenter sa grille de programmes ou pour faire le bilan d'une activité. Ses seules sorties officielles se sont limitées à suivre le secrétaire d'Etat à la Communication pour l'inauguration des chaînes 4 et 5 de l'Entv. Un paradoxe atypique: voilà un responsable qui a fait la grande partie de sa carrière dans la communication, qui dirige une grande entreprise de communication mais qui ne communique pas! Abdelkader Leulmi se présente comme un commis de l'Etat et, par conséquent, il ne veut pas être lié à un quelconque scandale. C'est ainsi qu'il réussit à se débarrasser de Brahim Seddiki et Zakaria, directeurs de A3. Ces derniers seraient impliqués dans l'affaire des archives et la disparition de plusieurs cassettes importantes de la télévision. Le Ramadhan 2009 était la première et dure épreuve du nouveau DG de l'ENTV. Plusieurs producteurs étaient en attente de signer un contrat avec la Télévision pour réaliser des productions pour le Ramadhan. Plusieurs producteurs comme Lakhdar Boukhers, Sid Ahmed Gnaoui, Hakim Dekkar ou encore Mohamed Hazourli, Ouchliha avaient eu l'assurance, dans le passé, de poursuivre leur collaboration avec l'Entreprise mais avec le nouveau DG, l'espoir s'est estompé. Faute de signature, aucun de ces producteurs ne voulait prendre le risque de commencer le tournage sans signer un contrat. Résultat: un retard considérable dans le programme du Ramadhan. Mais Lakhdar Boukhers finit par tourner son sitcom sans signer de contrat, pour être fidèle à son public qui l'attendait, alors que SD Box aurait fini par signer un contrat avec l'Entv et offrir le produit quelques jours avant le début du Ramadhan. Les producteurs sont en colère et le font savoir au secrétaire d'Etat à la Communication Azzedine Mihoubi. Devant cet état de fait, la direction de l'Entv ouvre la porte du 21 boulevard des Martyrs et programme toutes les productions en attente. Fidèle à sa stratégie de non-communication, M. Leulmi ne fera pas de conférence de presse pour annoncer le programme. C'est à travers l'APS que les différents producteurs apprendront la bonne nouvelle de la sélection de leur production. Certains attendaient cela depuis deux ans. En voulant donner la chance à tout le monde, il a choisi de mettre sur grille chaque production, c'est un cafouillage total qui a été créé. Cette anarchie matérialisée par une indigence des programmes a poussé les Algériens à zapper l'Entv pour suivre Nessma TV, qui est venue faire la concurrence en Algérie. Vers la fin du Ramadhan éclate une polémique sur Canal Algérie. Le feuilleton de Lamine Merbah Darna el kdima est charcuté par la direction de Canal Algérie. La direction de l'Entv ne réagit pas et ne donne pas d'explication sur cette affaire et les critiques fusent. La deuxième épreuve à laquelle a fait face Abdelakder Leulmi, est la campagne médiatique des Egyptiens contre l'Algérie. L'Entv s'est totalement effacée dans cette bataille au moment où la pesse écrite a tenu la dragée haute à une dizaine de télévisions égyptiennes enragées. Une attitude qui contrastait avec les déclarations audacieuses de Azzedine Mihoubi sur Al Jazeera ou les autres chaînes arabes ou encore de HHC, qui a été le premier à répondre à Al Jazeera, quand elle avait publié le fameux sondage sur les attentats d'Alger. Mais Leulmi est un fonctionnaire d'Etat, il n'est pas du genre à exprimer ses opinions personnelles, ni sa vision sur les autres télévisions. Passée cette crise, le patron de l'Entv fera face à une nouvelle épreuve. L'achat des droits des matchs de l'Algérie à Al Jazeera Sport pour la CAN. M.Leulmi, qui sait que l'Algérie possède des relations tendues avec la chaîne qatarie, refuse de négocier et paye cash les droits des matchs de l'EN pour 20 millions de dollars. Mais le groupe Al Jazeera Sport double l'Entv et offre les matchs gratuitement à l'Egypte et la Tunisie, sur Al Jazeera Sport, au nom de l'unité arabe. Suite à la publication d'un dossier sur ce sujet à L'Expression et sur un journal arabophone, l'Entv sévèrement critiquée entre en urgence- en contact avec Al Jazeera et obtient à la dernière minute la diffusion des matchs de l'Algérie sur le satellite A3. Une gestion catastrophique des droits d'images qui démontre une nouvelle fois une absence de stratégie dans ce domaine. Passée cette crise, une autre pointe du nez. Les producteurs privés sont outrés par le fait qu'ils ne soient pas reçus par M.Leulmi. Ils menacent alors de recourir à la présidence à travers une lettre ouverte. D'autres producteurs agitent le spectre d'une grève de la faim. Devant la pression, il invite le 8 janvier ces producteurs privés à une rencontre pour régler les différents passifs, mais passé presque un mois de cette annonce, aucune date n'a été fixée par la direction de l'Entv et le malentendu demeure en suspens. Enfin, on notera que le nouveau DG a refusé de prendre en charge les anciens projets cinéma et télévision de HHC. Ainsi, l'Entv ne sera pas impliquée directement dans les Fennecs d'or, dans le Festival arabe d'Oran et lâchera le Festival international du court métrage de Taghit, que HHC avait lancé avec succès, avant l'arrivée de Leulmi.