Alors que l'encre de l'accord «Ghaza d'abord» n'a pas encore séché, Israël engage une vaste offensive à Ghaza. A quel jeu jouent, en fin de compte, les Israéliens? L'accord pour le retrait progressif de l'armée israélienne des villes palestiniennes réoccupées, en mars dernier, ne serait-il en fait qu'un leurre propre à tromper la communauté internationale, préoccupée par ce qui se passe dans les territoires palestiniens occupés? Cela en a tout l'air, car,dans le même temps, Tel-Aviv cherche à désarmer la méfiance des Palestiniens en leur faisant croire que le gouvernement israélien est prêt à se retirer des villes palestiniennes réoccupées. Ce qui s'est avéré sans fondement devant l'offensive enclenchée, hier matin, par l'armée israélienne à Ghaza, mettant en oeuvre un armement lourd et procédant à la destruction des habitations palestiniennes. Dès lors quelle consistance peut avoir le plan du ministre israélien de la Défense, Binyamin Ben Eliezer? Plan approuvé du bout des lèvres par le Premier ministre Ariel Sharon, lequel assurait par ailleurs, face à la montée des «faucons» et des colons, que «tout ce qu'on a fait c'est retirer quelques jeeps à Bethléem». Retrait qui s'est opéré mardi, rappelle-t-on. Lors de l'opération d'hier, l'armée israélienne s'est attelée à détruire systématiquement toutes les maisons palestiniennes «abandonnées» tuant un Palestinien dans cette action. L'Autorité palestinienne qui n'a pu convaincre les mouvements islamistes Hamas et le Jihad de se joindre à l'accord «Ghaza d'abord» - devant, selon son concepteur, le travailliste Binyamin Ben Eliezer, permettre le désengagement d'Israël des villes palestniennes réoccupées -, semble se heurter au double jeu israélien, dans la mesure où il est uniquement question de sécurité, alors même que les autres volets du problème, notamment la reprise du processus de paix, sont simplement évacués des préoccupations du chef du gouvernement israélien. Privilégiant la force militaire au dialogue politique, Sharon n'a jamais, en fait, été prêt à examiner une véritable sortie de crise, tablant plutôt sur l'élimination de Yasser Arafat et la mise en place, sous les auspices d'Israël, d'une direction palestinienne plus souple pour ne point dire plus docile. L'opération militaire meurtrière, d'hier à Ghaza, de l'armée israélienne au lendemain même du début de l'application de l'accord «Ghaza d'abord» est révélatrice du peu de cas que font les Israéliens de leurs engagements avec les Palestiniens. Dès lors, ce énième accord israélo-palestinien aussi peu concluant que les précédents apparaît surtout comme un nouvel accord de dupes.