Face à une nouvelle «impasse» dans les négociations au sein du gouvernement d'union au Zimbabwe, le parti du Premier ministre Morgan Tsvangirai se dit prêt à jeter l'éponge face au blocage du camp du président Robert Mugabe et évoque laperspective d'élections anticipées. «Nous sommes dans une impasse», a déclaré devant la presse à Harare le porte-parole du Mouvement pour le changement démocratique (MDC), Nelson Chamisa. «Les gens en ont assez, ils veulent que nous mettions fin à ces disputes. Si le blocage persiste, alors notre ligne est de tenir des élections libres», a-t-il ajouté. Il y a un an, le président Robert Mugabe se résignait à partager un pouvoir qu'il exerçait seul depuis l'indépendance en 1980, afin de sortir le pays d'un marasme économique et politique sans précédent. Mais les accrochages persistants avec l'ancienne opposition menacent le redressement entamé. Et lorsque le principal opposant au régime, Morgan Tsvangirai, a prêté serment comme Premier ministre le 11 février 2009, le pays autrefois prospère était plongé dans un marasme économique et politique sans précédent. Des centaines de partisans de M.Tsvangirai avaient été tués dans les violences qui ont suivi la défaite du régime aux élections de mars 2008. Plus de la moitié de la population dépendait de l'aide alimentaire. Une épidémie de choléra, due à la faillite du système d'épuration de l'eau et aux égouts non entretenus, venait d'emporter plus de 4000 personnes. Médecins et enseignants fuyaient le pays en masse. Le chômage atteignait 94%. «Nous disons que la situation est bloquée», a insisté M.Chamisa. Le parti du président, l'Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique (Zanu-PF) «essaye de gagner du temps et de nous pousser à parler de pourparlers jusqu'à Noël. Nous devons mettre un point final à ces négociations.» La Zanu-PF, dont le porte-parole Ephraim Masawi s'est refusé vendredi à tout commentaire, rétorque qu'elle ne bougera pas tant que le MDC n'aura pas demandé aux Etats-Unis et à l'Union européenne la levée des sanctions contre le président et ses proches. Pour le politologue Eldred Masunungure, de l'université du Zimbabwe, le pays n'est toutefois «pas prêt pour des élections». Selon lui, «l'électorat est toujours traumatisé» par les violences déchaînées par le régime Mugabe à la suite de sa défaite historique aux législatives de mars 2008. «Toute élection tenue aujourd'hui ne reflèterait pas la volonté du peuple mais sa peur», a estimé l'analyste. En dépit de nets progrès dans la vie quotidienne, grâce notamment à l'abandon de la monnaie nationale vidée de toute substance, le gouvernement fonctionne cahin-caha, otage des dissensions entre la Zanu-PF et le MDC. Dès le jour de la prestation de serment du gouvernement, le climat a été empoisonné par l'arrestation pour «sabotage» du trésorier du MDC, Roy Bennett, pourtant vice-ministre désigné de l'Agriculture. Le MDC demande l'arrêt des violences et tortures contre ses partisans et l'annulation des nominations du procureur général Johannes Tomana et du gouverneur de la Banque centrale Gideon Gono, décidée unilatéralement par le président Mugabe. Selon Amnesty international, plus de 180 personnes avaient été tuées dans les meurtres, passages à tabac, tortures, viols et incendies volontaires qui avaient visé les partisans du MDC entre mars et octobre 2008.