Une évidence, les Etats-Unis, impériaux, veulent imposer au monde une légalité «américaine». Peut-on parler, aujourd'hui, d'un impérialisme américain? Le questionnement n'est en rien une clause de style, mais est issu de la dérive constatée ces dernières années dans les prises de position unilatérales des Etats-Unis sur des problèmes intéressant la communauté internationale dans son ensemble. Pour nous en tenir à quelques faits récents, les plus patents, comme le problème irakien, le dossier palestinien, la mise en place de la CPI, le contentieux agricole avec l'UE ou encore les questions de climatologie et d'environnement, il est remarqué que Washington fait montre de positions unilatérales qui font fi des situations développées ou défendues par ses autres partenaires. De fait, on est presque enclin à dire que les Etats-Unis, dans maints cas imposent une «légalité américaine» au détriment du droit et de la légalité internationaux. Cela apparaît clairement dans les prétentions de Washington à porter des jugements de valeur sans appel sur des Etats souverains accusés d'être un «axe du mal»; dans la mise en place de zones d'exclusion dans le nord et le sud de l'Irak dans l'illégalité la plus totale, en dehors de toute résolution de l'ONU en ce sens; du projet d'attaquer ce même Irak et de changer son régime, ne tenant pas compte de la désapprobation internationale. Au Proche-Orient, soutenu par Washington, Israël impose son diktat aux Palestiniens. Cela en sus du mépris qu'affiche Washington vis-à-vis des efforts de la communauté internationale à discipliner le développement anarchique et polluant pour protéger l'environnement et le climat de la planète qui se dégradent de plus en plus. De fait, le président américain George W Bush. n'accorde pas beaucoup d'intérêt au prochain sommet de la Terre de Johannesburg (Afrique du Sud) déléguant à sa place le secrétaire d'Etat Colin Powell. Le président Bush se comporte en empereur, et les Etats-Unis, qui tranchent toutes les affaires qui agitent le monde, agissent en lieu et place des Nations unies, devenues de plus en plus une relique juste propre à justifier et à entériner les décisions prises par Washington. Les Etats-Unis, qui mènent depuis dix ans des opérations ponctuelles contre l'Irak, sans l'aval d'une résolution du Conseil de sécurité, violant ainsi la charte de l'ONU, ne se sont pas privés pourtant, la semaine dernière, à l'annonce d'un prochain accord de coopération entre l'Irak et la Russie, de mettre en garde Moscou. La Maison-Blanche a ainsi exprimé sa certitude que «la Russie comprend ses obligations (décidées) dans le cadre des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU et continuera à respecter ses engagements» Ainsi, l'ONU retrouve sa plénitude dès qu'il s'agit d'un pays autre que les Etats-Unis et Israël (le seul pays n'ayant jamais eu à appliquer les résolutions de l'ONU prises à son encontre et échappant de fait à toute condamnation de la part de cet organisme international). L'ONU et, entre autres, l'Union européenne et les pays arabes, ont nettement fait savoir leur opposition à une attaque contre l'Irak, mais, passant outre, Washington, avec le seul soutien officiel de Tel-Aviv et officieux de Londres, se prépare néanmoins à enclencher une nouvelle guerre au Golfe avec tout ce que cela pourrait induire comme retombées catastrophiques pour la stabilité du monde, et pas seulement la région du Golfe et le Moyen-Orient. Sur un autre plan, l'industrie américaine, l'une des plus grandes prédatrices de l'environnement mondial et responsable de la détérioration de la climatologie terrestre, n'en poursuit pas moins ses pratiques unanimement condamnées. Pire, les Américains ne donnent pas l'impression d'être prêts à changer leur mode de vie nuisible pour l'environnement et le climat de la terre. L'impérialisme américain apparaît également dans le bras de fer qui l'oppose à l'UE à propos de la commercialisation de l'acier et des questions afférentes aux subventions agricoles. Cela sans revenir sur le monopole culturel américain de fait qui noie le monde de productions de série Z. A l'évidence, les Américains mènent de front plusieurs offensives pour imposer à tous leur seule vision des choses et une sorte de légalité américaine, qui prend à contre-pied la légalité internationale issue du consensus des 190 Etats membres des Nations unies. Juge et partie, les Etats-Unis ne cachent plus leur jeu impérial en voulant s'imposer à tous, y compris aux pays détenteurs, au même titre qu'eux, du droit de veto. La montée impériale des Etats-Unis annihile chaque jour un peu plus le pouvoir, tout relatif cependant, qu'est celui de l'ONU. Cela a été aussi constaté dans l'affaire de la CPI (Cour pénale internationale) entrée en crise, à peine instituée, parce que Washington veut que les citoyens américains n'aient pas à connaître de cette Cour, apte à juger tous les citoyens du monde, sauf les Américains...et les Israéliens. Pour ce qui est de ces derniers, les Nations unies ont été incapables d'imposer à Israël une commission d'enquête sur les crimes de guerre commis par l'armée israélienne à Jénine contre le peuple palestinien, pour la simple raison que Washington s'y est opposé. Les Nations unies n'avaient pu que s'incliner. Tout comme ils sont aujourd'hui impuissants à prévenir la guerre que préparent les Etats-Unis contre l'Irak. Une guerre qui annonce une prochaine dictature de la première puissance mondiale sur le monde.