Les relations bilatérales entre l'Algérie et les Etats-Unis ne vont pas aussi mal que l'on croyait. L'inscription de l'Algérie dans la liste noire des USA, qui contient les pays à risque - une démarche sévèrement critiquée par l'Algérie - n'a pas freiné pour autant la coopération entre les deux pays, du moins dans le domaine économique. Une importante délégation officielle conduite par un haut fonctionnaire de l'Administration Obama du département du Commerce américain séjournera à Alger du 17 au 20 février prochains. Lors de leur présence en Algérie, les membres de la mission commerciale s'entretiendront avec de hauts responsables algériens «en vue d'aborder des questions d'intérêt mutuel liées à l'investissement et aux échanges commerciaux bilatéraux», souligne un communiqué de l'ambassade des Etats-Unis en Algérie. Le document ne manque pas de signaler que c'est la toute première fois qu'une délégation commerciale de cette envergure visite l'Algérie. Vingt-quatre entreprises américaines activant dans les secteurs du transport, conduites, par Boeing, des télécommunications et transmissions, de la production de l'électricité, de la défense, de la santé, des ressources en eau, de la construction et de l'habitat, de l'environnement ainsi que du conseil aux entreprises, participeront à cette mission. Le but de cette visite «est de valoriser les opportunités de partenariat avec les entreprises algériennes, offertes par l'économie locale». «La mission rencontrera aussi des officiels et décideurs du gouvernement, pour avoir une bonne compréhension du climat des affaires en Algérie.» L'Algérie est le deuxième partenaire commercial des Etats-Unis dans le monde arabe. La visite de cette délégation «montre l'intérêt que portent les entreprises américaines aux opportunités d'investissement en Algérie en dehors du secteur des hydrocarbures». L'adhésion de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce sera certainement abordée lors de la visite de la délégation américaine. Rappelons que cette adhésion se complique. Pourtant, les deux parties étaient sur le point de trouver des solutions aux questions «litigieuses». En effet, de sources proches du dossier, L'Expression a appris que le gouvernement a transmis à l'OMC un dossier complet dans lequel l'Algérie affiche clairement sa détermination à ne rien concéder, notamment sur quatre principaux dossiers. Il s'agit du commerce extérieur, des services, de l'énergie et de l'importation des véhicules de plus de trois ans. «Certaines exigences de l'OMC vont contre les intérêts et la souveraineté du pays», précise un membre de l'Exécutif. C'est le cas notamment, de la double tarification du gaz. Notons que l'UE, tout comme l'Organisation mondiale du commerce, reproche à l'Algérie de pratiquer le double prix sur le gaz: un prix fort à l'exportation et faible sur le marché local. La partie algérienne a fini par convaincre le partenaire européen du bien-fondé de la mesure. Mais le pari n'est pas encore gagné avec les Américains. Le comité ministériel chargé d'examiner le dossier de l'OMC, qui s'est réuni pour répondre aux 15 dernières questions posées dans le cadre de négociations d'adhésion à cette organisation, ne s'est pas trop étalé sur ce dossier, considéré comme étant «un dossier clos». L'autre requête soulevée par les Etats-Unis concerne la condition de résidence pour les commerçants étrangers. Une condition que les USA espèrent bannir. Un niet est également affiché sur ce dossier du côté algérien. El Hachemi Djaâboub, ministre du Commerce, a affirmé récemment que l'Algérie maintiendra les dispositifs du nouveau décret portant «révision des conditions d'inscription au registre du commerce et révision des règles de pratique commerciale en Algérie pour les commerçants étrangers, notamment les détaillants, les importateurs et les exportateurs». Djaâboub a accusé, sans généraliser, certains de vouloir profiter du vide juridique et de l'ambiguïté des textes algériens pour verser carrément dans la fuite des capitaux et le blanchiment d'argent.