Des jeunes Oranais, rongés par la fièvre de la hedda, ont payé de leur vie leur envie de fuir la mal vie. Hocine Guentari, 26 ans et Houari, ont péri noyés, alors que Khelifa Abdelkader a été, lui, repêché, dans un piteux état au large de Bouharoun dans la wilaya de Tipasa. Tout a commencé, selon le témoignage de la soeur de Abdelkader Khelifa, sur un quai du port d'Arzew. Les 3 amis profitant d'un moment d'inattention de l'équipage d'un bateau battant pavillon philippins sont montés à bord pour se réfugier dans une des câles du bateau. Le navire appareillera deux jours plus tard en prenant comme cap l'est. Les marins découvrent après quelques miles les clandestins. Ils feront subir aux 3 jeunes les pires supplices avant de les jeter par- dessus bord, au large de Bouharoun. «Mon frère et ses 2 amis ont longuement supplié les marins, mais ces derniers, sans scrupule aucun, les ont ligotés et jetés à la mer», avouera la soeur de Khelifa. Pour se donner bonne conscience, les marins jetteront à la mer un fût vide pour permettre aux clandestins de s'y accrocher et ainsi dériver au gré du courant. Des pêcheurs parviendront, quelques jours plus tard, à localiser le fût auquel était accroché, transi de froid et à bout de force, Abdelkader. Ils le recueilleront pour l'acheminer vers l'hôpital de Koléa où il reçut les soins nécessaires. Quelques jours plus tard, le corps d'un jeune homme noyé est rejeté par la mer sur une plage de Bou Ismaïl, Abdelkader reconnaîtra son ami d'infortune Hocine Guentari. Ces jeunes, habitant le quartier de Saint Antoine à Oran, ont payé très chèrement leur désir de fuir leur quotidien difficile. Cette fin tragique nous rappelle celle de Mohamed M., un jeune harrag d'Arzew, qui voulait rejoindre l'Europe, mais qui a vu son rêve se transformer en cauchemar, quand des marins russes l'ont jeté en pleine mer. A ce jour, ses parents continuent de remuer ciel et terre pour découvrir l'équipage criminel, mais sans résultat. Pour le moment, Abdelkader se remet de ses émotions, mais parviendra-t-il, un jour, à affronter devant un tribunal ses tortionnaires. «Ces marins sont pires que les terroristes», dira sa soeur en conclusion.