La tendance lourde au sein de la population est acquise à l'idée d'une nouvelle dynamique. Deux des principaux délégués du mouvement citoyen sont actuellement en rupture de ban avec leurs coordinations respectives. Les deux hommes ont subi un interrogatoire en règle de la part de leurs camarades. On leur reproche d'avoir violé l'un des principes du mouvement. Ce dernier stipule qu'aucun contact ne doit être établi avec le pouvoir. Aux ârchs, on appelle cela le code d'honneur. Ali Gherbi et Mohand-Saïd Zeroual doivent, selon la logique du mouvement citoyen, grossir les rangs des autres dialoguistes éjectés de la Cadc et de la Cicb pour avoir pris langue avec des émissaires de la présidence de la République. Seulement, force est de constater que les deux hommes ne semblent pas sur le point de connaître le même sort que Allilouche et ses amis. Approchés par L'Expression, Ali Gherbi et Mohand-Saïd Zeroual (lire nos entretiens en page 2), revendiquent ouvertement leur pleine appartenance au mouvement et leur conviction quant à la nécessité de voir la plate-forme d'El-Kseur satisfaite par le pouvoir. Ces deux délégués, que l'interwilayas n'arrive toujours pas à mettre en minorité, constituent, par la crédibilité dont ils jouissent, une troisième voie dans le possible règlement de la crise en Kabylie. Il y a lieu de noter, à ce propos, que les contacts entre la présidence et les deux délégués ont été établis dans une conjoncture autrement plus favorable et dans un esprit différent de celui qui a prévalu en 2001, où le pouvoir cherchait «une solution au rabais». En outre, après plus d'une année de crise, la décision de participation prise par le FFS et les mesures d'apaisement, les citoyens de Kabylie sont pressés de voir le cauchemar finir, à la faveur d'un retour définitif à la sérénité et au calme. La volonté des citoyens se traduit par le fait que les deux délégués ne sont pas honnis par la population. Cette dernière ne voit pas de mal à dialoguer ni à prendre part aux prochaines élections locales. Aussi, est-on amené à s'interroger sur ceux qui dévient réellement de l'esprit du mouvement. En tout état de cause, il est loisible de constater que Mohand-Saïd Zeroual et Ali Gherbi défendent leur point de vue auprès des citoyens de Kabylie, dans un climat plutôt très éloigné des communiqués incendiaires de la Cadc et de la Cicb. Au jour d'aujourd'hui, la situation politique en Kabylie montre une forte poussée de l'esprit du dialogue avec le pouvoir. La tendance lourde au sein de la population est acquise à l'idée d'une nouvelle dynamique pour casser le cercle vicieux du radicalisme.