La presse, selon lui, miroite une image fausse de la lutte contre la corruption dans le pays. Abdelkader Bensalah, président du Sénat, a évoqué hier la question sans toutefois s' y attarder. Mais, en rouvrant la question de la révision de la Constitution, le deuxième homme de l'Etat injecte à la scène politique, déjà en effervescence, une énième dose qui pourrait être la dose de trop. Sans introduction, ce dernier qui n'a cessé de défendre, dans son discours prononcé à l'ouverture de la session de printemps, la nécessité de préserver le pouvoir législatif dans sa configuration actuelle, surprend tout son monde en faisant allusion au texte fondamental. Pour lui, «la chambre qu'il préside sera renforcée dans ses prérogatives à l'occasion de la révision de la loi organique, du règlement intérieur de cette institution et de la Constitution». Bensalah exprime-t-il un voeu personnel? Ou a-t-il exprimé une intention présente dans les cercles du pouvoir? Aussitôt évoqué, aussitôt oublié, M.Bensalah a consacré une grande partie de son discours, qui semblerait «hors contexte», à défendre son institution. Pour lui, le Parlement «doit fonctionner avec les deux chambres». Pour l'heure, rares sont les voix qui disent le contraire. Pour lui le Sénat garantit la stabilité des institutions de l'Etat, voire de l'Etat. «Cela constitue la meilleure réponse à ceux qui ont douté de l'utilité de la première chambre parlementaire», lance-t-il. Dans un autre chapitre, Bensalah a évoqué la question de l'heure: la Constitution. Il prendra la liberté de critiquer la presse, qui, selon lui, «miroite une image ternie du pays à l'extérieur comme à l'intérieur». Or, poursuit-il, «la corruption est l'oeuvre d'une minorité». La majorité des cadres de l'Etat «sont honnêtes». Un avis partagé par le président de l'APN, M.Abdelaziz Ziari, dont le discours d'ouverture a été lu par un vice-président (Ziari étant absent pour une mission à l'étranger). Ce dernier a évoqué la disponibilité de l'Assemblée à accompagner les instances et organes en charge de lutter contre la corruption dans le cadre de ses prérogatives constitutionnelles. Cela peut se faire à travers notamment la mise sur pied de commissions d'enquête parlementaires lorsque cela s'avère nécessaire. Il a également fait part de la mission de contrôle qu'exerce l'Assemblée à travers les questions orales et écrites posées par les députés aux membres du gouvernement. «Cela traduit le processus engagé par notre pays dans la consolidation de la bonne gouvernance dont les contours sont devenus une réalité palpable», a affirmé M.Ziari, ajoutant que «la détermination de notre pays à atteindre les objectifs nobles de la bonne gouvernance, nous amène à poursuivre l'action de contrôle exercée par l'institution parlementaire et les autres institutions habilitées». Dans ce sens, le président de l'APN a salué la création par le gouvernement de l'Observatoire national de lutte contre la corruption, «conformément aux instructions du président de la République visant à mettre fin à ce phénomène qui porte atteinte à l'économie nationale». Cet organe est chargé, en vertu des missions qui lui sont dévolues, d'intervenir directement pour «garantir la transparence des marchés publics et préserver les deniers de l'Etat de toutes formes de dilapidation et de détournement». L'organe sera renforcé par une commission juridique de lutte contre la corruption qui dispose de larges prérogatives. L'on rappelle en outre que l'Assemblée se penchera, durant la session d'automne, sur plusieurs projets, entre autres, la loi relative à la mission de l'expert comptable, le commissaire aux comptes et le comptable agréé, pour combler les insuffisances que cette profession a connues dans les législations précédentes. Ce projet de loi vise à réorganiser cette profession et la hisser aux normes internationales pour plus d'efficacité et une meilleure rentabilité. Les Codes communal et de wilaya seront normalement au menu. Par ailleurs, nous apprenons que la loi criminalisant le colonialisme est sur la table du gouvernement.