«La culture n'est pas un événement occasionnel qu'on fête sporadiquement. L'information culturelle contribue à la prise de conscience collective», dira M. Azzedine Mihoubi. Si la ministre de la Culture, Khalida Toumi, s'est engagée clairement à être partenaire avec la presse algérienne ou les médias en général, en soulignant la nécessité de la spécialisation dans les diverses branches de la culture via la formation, le secrétaire d‘Etat auprès du Premier ministre chargé de la Communication, Azzedine Mihoubi, n'a pas caché sa déception et son insatisfaction quant au contenu des pages culturelles et, notamment envers le niveau qui ne cesse de se dégrader sur le plan linguistique et a fortiori de la langue arabe, «notre patrimoine». Il exhortera tout de même les médias, non pas à s'enfermer dans une seule langue mais à s'ouvrir davantage sur le monde. «Tous les matins je lis la presse, et combien est grande ma déception de constater avec affliction cette dégringolade du niveau de la langue utilisée et sa pauvreté. Du dictionnaire de la langue arabe on en utilise actuellement juste entre 12.000 et 15.000 mots sur les milliers qui composent notre belle langue.» Un discours qui fait mouche quand on sait que cela coïncidait avec la célébration de la Journée nationale de la langue arabe. Placée sous le slogan «Le savoir, c'est la culture», c'est à la tribune de la salle El Mougar que ces deux personnalités ont été invitées à donner leur point de vue sur cette question, à l'occasion du lancement de la première édition du Forum sur la communication culturelle qu'organise depuis lundi dernier l'Office national de la culture et de l'information. Un forum auquel prendra part une pléiade de spécialistes de l'information et autres intellectuels venus du Liban et du Maghreb, notamment. Dans son allocution d'ouverture, M.Azzedine Mihoubi fera remarquer d'emblée, que la page culturelle est le fils du «pauvre» dans la presse, souvent en raison de l'intérêt mercantile des journaux. Et de souligner tout de même sa satisfaction du retour de la revue Amal, grâce aux efforts du ministère de la Culture, remise au goût du jour alors qu'elle est née il y a bien des années. M.Mihoubi se félicitera du nombre de livres édités dans le cadre de l'événement «Alger, capitale de la culture arabe 2007». Ce qui constitue, selon lui, un investissement à long terme qui ne peut porter ses fruits que dans à peu près cinq ans. «Il faut qu'on prenne soin de la culture dans nos médias. La culture n'est pas un événement occasionnel qu'on fête sporadiquement comme "Alger, capitale de la culture arabe 2007". L'information culturelle contribue à la prise de conscience collective. Il s'agit d'un combat permanent contre la peur, le terrorisme et l'ignorance. Il faut aussi s'intéresser à ce qui se passe à l'intérieur du pays où la culture reste encore saine et authentique», dira-t-il. De son côté, la ministre de la Culture soulignera en préambule: «Je suis prête à être votre partenaire dans le respect de la liberté, dont le mot vous est cher, vous les gens des médias et le peuple tout entier.» Et de faire sienne cette définition du mot «culture» selon l'auteur de L'Incendie, Mohamed Dib: «La culture est la manière propre à chaque peuple d'être au monde et dans le monde.» Après un intermède musical assuré au violon par Kheireddine Mekachiche, place à l'hommage rendu au doyen des reporters de la télé algérienne, aujourd'hui à la retraite, le journaliste Tahar Benaïcha dont on dira qu'«il représente l'image de la culture authentique». A un âge avancé, aujourd'hui, mais fin érudit, maitrisant la langue d'El Moutanabi, Tahar Benaïcha dira qu'il est de ceux qui sont habités par la soif de la connaissance. La clôture de la cérémonie se fera après que la parole fut donnée au docteur et ex-ministre, Mme Zhor Ounissi pour dire quelques mots en souhaitant la bienvenue à cette manifestation. «La culture est un projet de société, à même de contribuer à la construction d'une civilisation humaine. La culture commence par l'information», a-t-elle fait remarquer. Dehors, sur les cimaises du hall de la salle El Mougar étaient accrochées des photographies de Souad Ghebali qui travaille à l'Onci.