D'ex-responsables militaires ont contesté hier les déclarations du Premier ministre britannique Gordon Brown qui a assuré n'avoir jamais renâclé à financer la guerre en Irak, un amiral l'accusant d'avoir «manqué de sincérité» lors de son audition devant une commission d'enquête. «Il dissimule des choses. Il manque de sincérité», a déclaré l'amiral Lord Boyce, qui était chef des forces armées au moment de l'invasion de l'Irak en 2003. Le responsable répondait aux déclarations de Gordon Brown faites la veille devant la commission d'enquête sur l'engagement britannique à la guerre en Irak. Le dirigeant travailliste, qui était à l'époque ministre des Finances, a répété que l'intervention était «une bonne décision» et qu'il avait accepté «toutes» les demandes d'argent en vue de la guerre. Mais le véritable problème, répond l'amiral Boyce, était que le Ministère de la Défense «était privé de fonds», a-t-il déclaré au quotidien The Times d'hier. «Dire qu'il a donné à l'armée tout ce qu'elle a demandé est tout simplement faux», a également déclaré au Daily Telegraph le général Lord Guthrie, chef des forces armées de 1997 à 2001. M.Brown a bel et bien accepté de financer les besoins «urgents», explique le général de division Tim Cross, qui était le plus haut gradé britannique après l'invasion en Irak. «Mais ce qu'il a refusé, c'est d'accroître le niveau des dépenses de la Défense...qui était réduit année après année», a-t-il dit sur la BBC. «Bien joué M. le Premier ministre de dire que nous avons eu tout ce que nous voulions. Mais cela ne concerne que la question vraiment mineure des opérations», a accusé sur la BBC le général Richard Dannatt, ancien chef d'état-major devenu conseiller pour l'opposition conservatrice. La presse britannique estimait cependant hier que M.Brown avait réussi à sortir indemne de ses quatre heures d'audition, un exercice risqué à quelques semaines d'élections législatives qui s'annoncent serrées. «Mission accomplie», titre le Guardian (gauche). Le Daily Telegraph (droite) estime que le dirigeant a «réussi à donner l'impression qu'il soutenait l'invasion de l'Irak mais tout en gardant ses distances» avec une décision qui a été prise par le Premier ministre d'alors, Tony Blair, dont le récent passage devant la commission avait été beaucoup plus critiqué.