Ahlam Mostaghanemi est devenue, en l'espace de quelques années, la nouvelle icône de la littérature arabe. Son histoire et son parcours en littérature sont restés attachés à l'histoire de la Révolution algérienne. Née en exil en 1953 à Tunis. Son père, Mohamed El Chérif, a lutté contre la présence française. Il est emprisonné à El Koudia (Constantine) suite aux événements du 8 Mai 1945 et c'est là que le père fera connaissance de Kateb Yacine. Deux des oncles de Mohamed Chérif ont perdu la vie dans la ville de Guelma suite à ces mêmes événements. À sa sortie de prison, il est persona non grata à la mairie de Constantine où il exerçait. Il perd son emploi. La famille doit se réfugier en Tunisie. De retour en Algérie en 1962, elle fait des études secondaires, avant de travailler pour la radio. Elle anime une émission, «Hamasat», qui lui confère une certaine réputation littéraire. Son premier recueil de poésies paraît en 1973 sous le titre Ala Marfa ‘ Al Ayam (Au havre des jours). Elle décroche avant son départ pour la France une licence en littérature à l'université d'Alger. Installée à Paris, elle épouse un journaliste libanais, et tout en fondant une famille soutient une thèse sous la direction de Jacques Berque. L'oeuvre de cet écrivain est populaire dans le monde arabophone, notamment au Liban, en Jordanie, en Syrie, en Tunisie et aux Emirats arabes unis. Jacques Berque écrit une préface élogieuse pour la traduction d'un de ses livres. Dans Une cause jamais perdue, il lui consacre un chapitre («L'intercession de la femme»); en reprenant sa préface, il fait l'éloge de la documentation, de la lucidité de l'auteur qui sait utiliser une expérience vécue en prenant ses distances avec elle. Il va jusqu'à professer son adhésion à ses idées (une littérature faite par des hommes et s'adressant à des hommes). Son livre Dhakirat al-jasad (Mémoires de la chair), est classé parmi les cents meilleurs romans arabes. La ministre de la Culture, Mme Khalida Toumi, lui a rendu un hommage lors du dernier Salon du Livre. Ahlam Mostaghanemi est devenue le rêve de la romancière et poète arabe.