Le sort de cette loi dépendra de l'évolution des relations algéro-françaises. L'Algérie tente-t-elle de calmer le jeu? En affirmant que «l'adoption ou non de l'avant-projet de loi criminalisant le colonialisme dépendra de la circonstance et de la conjoncture dans lesquelles nous serons» dans deux mois, délai imparti au gouvernement pour examiner et se prononcer, le président de l'Assemblée nationale populaire, Abdelaziz Ziari, laisse entendre des réticences. En effet, le troisième homme de l'Etat a soutenu que l'avenir de ce projet est tributaire de la conjoncture dans laquelle sera examiné le document par le gouvernement. «Son (l'avant-projet de loi, Ndlr), adoption ou non dépendra de la circonstance et de la conjoncture dans lesquelles nous serons en ce moment-là», a déclaré avant-hier à la presse M.Ziari, en marge de la cérémonie présidée par le président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika, en l'honneur de la femme algérienne, à l'occasion de la Journée internationale de la femme. M.Ziari souligne que le gouvernement aura 60 jours pour trancher. Il a expliqué que le gouvernement a un délai de deux mois, à partir de la date de dépôt de la proposition de loi, pour répondre favorablement ou négativement. Pour rappel, la proposition de loi criminalisant le colonialisme, initiée par 125 députés issus des partis FLN, RND, MSP et El Islah, a été déposée au bureau de l'APN le 13 janvier dernier. La première lecture des propos de M.Ziari laisse entendre que le gouvernement décidera du sort de ce texte en fonction de l'évolution des relations algéro-françaises durant cette période. Un climat froid caractérise ces derniers temps les relations entre les deux pays. La tension ne cesse de monter entre Alger et Paris. Le président de l'APN a fait savoir que «le bureau de l'APN a tranché la question conformément à la loi» et «nous attendons maintenant l'avis du gouvernement». Quelle sera la décision du gouvernement? La déclaration de M.Ziari insinue-t-elle que le gouvernement algérien attend un geste de la France durant les soixante jours pour décider de l'adoption ou du rejet du document? De ce fait, si dans deux mois les relations algéro-françaises connaîtront un dégel, la proposition a de fortes chances d'être rangée dans un quelconque tiroir, notamment si Paris revoie sa copie et se repent de ses crimes commis en Algérie, dans ce cas, le projet pourrait être complètement rejeté. Dans le cas contraire, ce document pourrait être adopté. M.Ziari affirme que «la marge d'appréciation de l'Exécutif est importante». Dans ce contexte, la question devient beaucoup plus une affaire politique. Paris ne cesse de provoquer Alger. L'Elysée a déterré plusieurs dossiers qui fâchent par lesquels il épingle l'Algérie. En revanche, Alger compte utiliser la loi criminalisant le colonialisme comme arme de riposte. En outre, en cas d'adoption, le gouvernement algérien gardera-t-il le texte dans son actuelle mouture ou apportera-il des modifications? Autrement dit, d'autres paramètres, notamment les accords signés entre les deux pays, peuvent changer le contenu de cet avant-projet de loi. Ce qui laisse entendre que l'Algérie attend que la France corrige sa politique envers l'Algérie et surtout fasse un geste sur la question de mémoire. A ce sujet, la déclaration de Rezzak Bara, conseiller à la présidence de la République, affirmant avant-hier que la visite du président de la République, Abdelaziz Bouteflika à Paris, est subordonnée à la repentance de la France, ne laisse aucun doute sur la détermination de l'Algérie. Aussi, l'évolution des relations entre les deux capitales reste tributaire du changement de la politique l'Elysée envers l'Algérie.