Le secrétaire américain à la Défense Robert Gates a envisagé hier la possibilité de premiers retours anticipés d'Afghanistan pour certains soldats, avant même la date de juillet 2011 fixée par Barack Obama pour le début du retrait américain. "Cela devrait se faire sous conditions", a-t-il déclaré, sans plus de précisions, à l'occasion d'une visite dans un centre de formation de la province de Kaboul, où des soldats afghans s'entraînent pendant plusieurs semaines avec des instructeurs britanniques et américains. S'exprimant à ses côtés au cours d'une conférence de presse, son homologue afghan Abdul Rahim Wardak a dit souhaiter les premiers transferts de la sécurité aux forces afghanes d'ici l'automne de l'année prochaine. "J'espère que d'ici là nous serons en mesure de prendre en charge la sécurité du pays dans différentes régions. Ce processus se poursuivra tandis que nous avançons", ainsi que "nos capacités", a-t-il ajouté. "Nous commencerons cette transition au plus tard en juillet 2011, mais cela dépendra aussi des conditions sur le terrain", a répondu Robert Gates. "Nous ne devrions pas être trop impatients", a-t-il cependant ajouté. Le ministre s'est par ailleurs dit "dérangé" par la visite en Afghanistan du président iranien Mahmoud Ahmadinejad. "Nous pensons que l'Afghanistan doit avoir de bonnes relations avec tous ses voisins, mais nous voulons aussi que tous les voisins de l'Afghanistan jouent franc-jeu". Robert Gates avait accusé Téhéran de "jouer un double jeu" en tentant d'un côté d'avoir de bonnes relations avec Kaboul tout en aidant les talibans de l'autre. Ce à quoi Ahmadinejad a répondu mercredi, affirmant que c'étaient les Etats-Unis qui jouaient double jeu. Pour sa part, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a accusé hier les Etats-Unis de jouer à un "double jeu" en Afghanistan, en combattant des terroristes qu'ils soutenaient autrefois. "Je pense qu'ils jouent eux-mêmes un double jeu", a répliqué Mahmoud Ahmadinejad lors d'une conférence de presse à Kaboul aux côtés de Hamid Karzaï. "Ils ont eux-mêmes créé ces terroristes et ils affirment maintenant qu'ils luttent contre les terroristes". Le président iranien a critiqué la présence de troupes étrangères et leur coût, estimant que ces fonds seraient mieux utilisés dans des projets de développement, notamment d'irrigation. Hamid Karzaï a souligné que l'Iran aidait l'Afghanistan dans des projets de reconstruction et d'éducation. Le président afghan a espéré que le "pays frère" qu'est l'Iran "travaillera avec (eux) pour apporter la paix et la stabilité en Afghanistan pour que les deux pays soient en sécurité". Notons qu'un attentat-suicide est survenu hier matin dans la province de Paktika, située dans l'est de l'Afghanistan, entraînant la mort de cinq personnes, a déclaré Dawlat Khan Zadran, commissaire de la police provinciale. "L'incident s'est produit ce matin dans le district de Barmal. Cinq personnes, dont quatre soldats afghans et un agent de police frontalier ont été tués", a confié à l'agence Xinhua M. Zadran, qui a ajouté que le bilan des victimes pourrait encore s'alourdir, puisqu'il s'agissait d'un rapport préliminaire. Le responsable a imputé l'incident aux activistes talibans, affirmant que leurs activités visaient à destabiliser la sécurité de la province. Les activistes talibans, qui ont fréquemment recours à des attentats suicide et à des attentats à la bombe placée en bordure de route en guise d'offense aux forces de sécurité afghanes et le contingent de la Force internationale d'assistance à la sécurité (ISAF) n'ont pas commenté l'incident. Un attentat similaire qui a eu lieu mardi soir dans la province de Khost, voisine de celle de Paktika, a tué deux soldats de l'ISAF et fait six autres blessés.