La situation s'est relativement apaisée après qu'une invitation à rejoindre la Présidence ait été signifiée aux présidents de deux syndicats. Les praticiens et les spécialistes de la santé publique ont été, hier, bousculés et bastonnés avant d'être reçus par un conseiller à la présidence de la République. Humiliés et réprimés par la police antiémeute dépêchée sur les lieux, les centaines de praticiens généralistes et spécialistes de la santé publique venus des quatre coins du pays ont été scandalisés par cette attitude. «C'est incroyable, on est traité comme du bétail», déplorent les femmes contestataires. Il ne manquait presque rien pour voir la situation dégénérer. Les bousculades et bastonnades ont provoqué l'évanouissement d'une femme médecin et des blessés. Toutefois, face aux intimidations des policiers, les praticiens de la santé sont restés inébranlables. «On est des médecins, pas des terroristes», scandent haut et fort les praticiens en colère. Toutefois, la situation s'est relativement calmée après qu'une invitation à rejoindre la Présidence ait été signifiée, vers midi trente, aux présidents de deux syndicats. Il a fallu attendre plus d'une heure pour voir réapparaître les représentants des médecins. «Une porte nous a été enfin entrouverte après plusieurs mois de sollicitations», a dit d'emblée le président du Snpsp, le Dr Merabet à sa sortie de la Présidence. Le président du Snpssp, le Dr Yousfi, était le premier à rendre compte de la rencontre à ses collègues. «Nous avns été reçus par un conseiller à la Présidence chargé des relations avec les organisations sociales. Lequel a pris acte de nos doléances et s'est engagé à ce qu'elles soient prises en charge par la présidence de la République dans les plus brefs délais». «On est pour l'ouverture du dialogue s'il y a des propositions et des garanties concrètes», poursuit-il. Et d'ajouter: «Nous venons d'être reçus par la première institution de la République grâce à votre détermination.» De son côté le président du Snpsp, Liès Merabet, pas tout à fait satisfait, a dit à l'adresse de ses collègues: «La grève continue tant que notre plate- forme de revendications n'est pas concrétisée.» «En complément à la grève ouverte et au service minimum, on va se rassembler autant de fois qu'il sera possible pour donner des solutions aux problèmes posés.» Rappelons toutefois, que les deux syndicats ont été déjà reçus par le représentant personnel du président de la République, Abdelaziz Belkhadem, le 22 février dernier. Cependant dit-il: «On n'est pas dans les meilleurs délais promis pour apporter le dénouement à la crise. Les engagements de ce dernier sont restés lettre morte depuis», souligne le Dr Merabet. «On est venu ici pour demander au président de la République d'intervenir pour régler nos problèmes socioprofessionnels. Nous voulons un statut digne», ont clamé les médecins à l'unisson. Dans un silence «qui tue, qui donne le tournis et qui nous fait dire qu'on est méprisés mais pas oubliés on s'est rassemblés 3 fois à l'hôpital Mustapha, devant le ministère de la Santé et le siège du Premier ministère sans que personne n'ait daigné nous recevoir», déplore le Dr Merabet. «Si nous en sommes arrivés là, c'est qu'on a été contraints A travers notre action, on voudrait aussi ‘' sauver le système de la santé publique'' qui perd du terrain au profit du secteur privé baignant dans l'anarchie et qui est loin d'être complémentaire», témoignent plusieurs médecins rencontrés hier. Les médecins ont réitéré leurs revendications. «Le ministre de la Santé nous a fait comprendre qu'il a les mains liées. On a vu tout le monde qui nous a rejetés. Le Premier ministre n'a pas voulu nous recevoir», a expliqué le Dr Yousfi pour dire que l'Algérie est en train de perdre toutes ses énergies. «Le canevas officiel proposé par la Fonction publique aux médecins contient des balises, des lignes rouges et des plafonnements qui excluent toute possibilité de négociation», a indiqué le président du Snpsp.