L'opération s'étendra pour toucher les 1500 familles de ce quartier et ce, avant 2011. Hier, les visages au quartier de Diar Echems à El Madania (ex-Clos Salembier) étaient rayonnants de bonheur. Et pour cause, l'opération de relogement a enfin débuté. Les quelque 200 familles qui occupaient les baraques de fortune, collées les unes aux autres et construites entre les immeubles de ladite cité, ont bénéficié, hier, d'appartements à Tixeraïne, entre Birkha-dem et Bir Mourad Raïs. L'opération a commencé la nuit de samedi à dimanche quand l'APC a dépêché des camions pour permettre aux familles concernées de transporter leurs affaires. Très tôt le matin, les familles ont été acheminées vers leurs nouvelles demeures sous les youyous et les acclamations, alors que beaucoup, hommes et femmes, n'ont pas pu retenir de chaudes larmes de joie. Toutes les familles, qui vivaient dans ces baraques exiguës et repoussantes de saleté, ont été relogées dans des F3. Immédiatement après, les agents des services des travaux publics affiliés à l'APC ont procédé à la démolition des centaines de baraques et au déblaiement des espaces qu'elles occupaient, comme pour effacer à jamais, de la mémoire collective, l'image de cette grande favela située au coeur même de la capitale. «Bonté divine, je n'arrive pas encore à croire qu'enfin, le cauchemar vécu pendant plus de 50 ans est fini! On dirait un conte de fées», exulte Mohamed, encore sous le coup de l'émotion. Selon lui, «les gens de Diar Echems pourront enfin avoir droit à une vie décente et dire adieu aux minuscules logements d'une seule pièce où se côtoyaient jusqu'à 16 personnes». Aucun incident fâcheux n'a été signalé lors du déroulement de cette opération. Sous l'oeil vigilant et compatissant des policiers et des agents de la Protection civile présents sur les lieux, les habitants solidaires donnaient des coups de main pour emballer les affaires du deuxième groupe de familles qui bénéficiera de nouveaux logements. En effet, il est attendu le relogement, demain, d'un peu plus de 300 familles, entre locataires et propriétaires d'appartements. Selon Lahbib, responsable du comité de quartier, ils bénéficieront de logements de type F3 et F4 au lieudit Djnane Sfari à Birkhadem. Cela appuie en effet les propos du wali d'Alger qui a déclaré que plus de 10.000 logements seront réceptionnés entre mars et octobre. «Ce qui nous permettra de reloger autant de familles avant la fin de l'année en cours», a-t-il promis. Par ailleurs, les familles, pour la plupart, ont commencé dès hier, à vendre leurs vieux meubles. «Je préfère acquérir de nouveaux meubles pour inaugurer ma nouvelle maison. Cela sera un porte- bonheur mais aussi pour moi une manière d'oublier à jamais ce qu'on a enduré dans ce qui a tout l'air d'un trou à rats» Pour le reste des familles, le relogement se fera par étapes jusqu'au mois d'octobre. L'opération touchera même d'autres quartiers de la capitale. Dans ce contexte, l'intervention du wali d'Alger a été pour le moins, claire. «Dès la semaine prochaine, cette opération sera entamée au profit de certains quartiers de la capitale. Elle s'étendra progressivement aux autres quartiers recensés dans ce cadre», a-t-il signalé, expliquant que ce programme, qui touche les formules social-locative et social-participative, s'étendra en effet, à toutes les communes de la wilaya où des sites d'habitat précaire existent. Le wali précise que «pour des raisons évidentes, la priorité est donnée aux quartiers situés au centre de la capitale dans une première étape». Le bonheur qui se lisait sur les visages des habitants de Diar Echems est indescriptible. Un bonheur réel alors qu'ils commencaient à désespérer, compte tenu des nombreuses promesses non tenues des officiels et de l'absence de dialogue entre les autorités et les populations. Plus de 1500 familles habitent ce quartier mitoyen de Riadh El Feth et de Makam Echahid (Sanctuaire du martyr). Pas loin également du siège de la Présidence et du ministère des Affaires étrangères. Un quartier construit sous la colonisation française, et qui est brusquement sorti de l'anonymat après les violentes émeutes qui ont éclaté le lundi 19 octobre dernier et qui ont fait une centaine de blessés parmi les émeutiers et les policiers. Ces événements, rappelons-le, ont fait la une de la presse nationale et de nombreuses chaînes de télévision étrangères.