De l'ouverture du champ, l'Algérie transite doucement vers l'étouffement en commençant par le commerce extérieur. Le ministre du Commerce, El Hachemi Djaâboub, n'a rien voulu céder après les décisions gouvernementales d'interdire l'exportation des pâtes alimentaires. Il a réaffirmé cette position hier à Alger en marge d'une réunion consacrée à la promotion de la PME. Les industriels sont frappés par cette interdiction depuis plusieurs mois, mais ils espéraient un assouplissement de cette mesure. Même les patrons procédant à l'importation de céréales avec leurs propres moyens ne peuvent pas exporter. L'Office algérien interprofessionnel des céréales (Oaic) a avisé les transformateurs de céréales qu'ils avaient jusqu'au 1er juin prochain pour reprendre leurs approvisionnements en blé dur national sous peine d'être exclus des prestations de l'Office en cas de renchérissement des prix mondiaux de ce blé. «A partir du 1er juin prochain, les transformateurs qui n'auront pas repris leurs approvisionnements en blé dur auprès de l'Oaic n'y seront plus servis en cas d'une nouvelle flambée des cours sur les marchés mondiaux», a déclaré le directeur du commerce extérieur de l'Office, Hakim Chergui. Cette mesure intervient en conséquence des opérations d'importation de blé dur qu'ont entrepris les transformateurs suite à la baisse actuelle des prix mondiaux de cette céréale, «boudant» ainsi l'Oaic qui se retrouve avec des quantités importantes de ce produit suite à la production nationale record. Ce à quoi M.Djaâboub a appelé les opérateurs de cesser les importations de blé dur, et les transformateurs de s'approvisionner auprès de l'Oaic. Il s'agit d'un «acte de civisme et de solidarité nationale», avait-il considéré. Pour le ministre, la raison en est simple. Ses services n'ont pas la capacité de faire la distinction entre les quantités subventionnées et celles qui ne le sont pas. Le ministre est catégorique: il n'y a pas lieu de subventionner une marchandise pour que les consommateurs d'autres pays en profitent. Aux patrons qui l'interpellent sur cette question, il conseille qu'on lui soumette des propositions. La seule consolation qu'il accorde aux industriels est celle de maintenir une liste de 1294 produits interdits à l'importation de pays arabes. L'Algérie a importé pour une valeur de 1,6 million de dollars de cet espace géographique. Mais la protection accordée ne peut pas excéder deux à trois années. Certains produits alimentaires ne sont pas concernés par la volonté de réduction des importations, comme les viandes. Le ministre insiste sur le fait que la protection dont il parle ne concerne pas l'interdiction des importations. Il s'agit seulement d'imposer des taxes élevées. En ce qui concerne l'approvisionnement du marché pour le prochain Ramadhan, M.Djaâboub a dit qu'un plan d'importation concernant les viandes rouges est décidé par le gouvernement. Il n'a pas échappé au ministre que les prix de certains produits ne cessent d'augmenter depuis la décision de la hausse des salaires décidée en décembre dernier. Les observateurs ont beau lui en imputer la responsabilité, il répondra: «Celui qui n'a pas compris que les prix sont libres depuis 20 ans n'a pas le droit de s'exprimer sur le sujet.» Il ne faut pas, non plus, lui reprocher le fait que certains produits ont disparu du marché sous prétexte que les importations provenant d'Egypte sont bloquées. «Il n'y a aucune décision politique dans ce sens», a-t-il dit. En tout cas, il n'est pas étonnant que la prochaine tripartite, qui aura lieu à la fin de ce mois, puisse aborder les problèmes d'approvisionnement du marché tout comme celui de la promotion de la PME. C'est ce que nous ont signalé certains participants à la rencontre d'hier. Ils ajoutent que le problème des financements bancaires est l'un des écueils auxquels se heurtent les entreprises. Le président-directeur général de la Badr, Boualem Djebar, a dit que ce dossier sera évoqué dans le cadre du comité banque-entreprises. Les PME sont parmi celles qui sont les plus concernées par cette donne, a souligné Zaïm Bensaci, président du conseil national consultatif de la PME.