La chef de la diplomatie européenne effectue à partir de demain sa première sortie officielle à l'étranger par une visite au Proche-Orient où la situation s'est dégradée suite aux derniers projets d'Israël. L'Union européenne a demandé samedi à Israël de cesser de contrarier les efforts de reprise des négociations de paix avec les Palestiniens, à la veille de la première visite dans la région de son chef de la diplomatie, la Britannique Catherine Ashton. Emboîtant le pas aux Etats-Unis qui ont dénoncé en des termes inhabituellement durs les nouveaux projets de construction de logements juifs à Jérusalem-est, Mme Ashton s'est dite «très préoccupée» par cette initiative intervenue au moment-même où le vice-président américain, Joe Biden, se trouvait en Israël. «Je suis préoccupée par le fait qu'Israël ait annoncé cela juste au moment où les pourparlers indirects allaient commencer» avec les Palestiniens, a-t-elle dit dans une interview accordée à quelques journalistes, en marge d'une réunion avec plusieurs ministres européens des Affaires étrangères à Saariselkä, dans le nord de la Finlande. Mme Ashton a appelé le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à «faire preuve de leadership» en jouant sincèrement le jeu de la paix. «Nous avons besoin d'un accord négocié de paix, il doit arriver rapidement et maintenant», a-t-elle ajouté. M.Netanyahu a, à cet égard, contacté samedi la chancelière allemande Angela Merkel et le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi, les assurant qu'il n'y pas d'«accélération de la colonisation» à Jérusalem-Est, selon une source israélienne. Il a déploré auprès de ses interlocuteurs que ce feu vert ait été donné en pleine visite de M.Joe Biden, affirmant que son gouvernement avait «pris des mesures adéquates pour qu'un incident aussi regrettable ne se reproduise pas», a poursuivi cette source. Le Premier ministre a en outre rappelé que sa politique ne différait pas de celle de ses prédécesseurs car selon lui «tous les gouvernements successifs en Israël ont encouragé la construction de quartiers juifs» à Jérusalem-est, après son occupation en juin 1967. La communauté internationale et le Conseil de sécurité de l'ONU en particulier ne reconnaissent aucun droit à Israël de changer la configuration de Jérusalem-Est occupée, rappelle-t-on. Présent en Finlande, le ministre suédois des Affaires étrangères, Carl Bildt, a souligné qu'il appartenait à présent au gouvernement israélien de «prouver qu'il veut réellement la paix». «Nous restons sur cette position qu'il ne faut plus de colonisation», a dit son collègue français Bernard Kouchner, jugeant «très regrettable» le feu vert aux logements juifs. La présidence espagnole de l'UE s'est, quant à elle, inquiétée d'un échec définitif des chances de paix si rien ne bouge. «Jusqu'à présent, il n'est pas trop tard, mais si nous attendons encore plus de deux ans il sera trop tard car il n'y aura plus d'objet à négocier, plus de territoire», du fait de la progression des colonies juives à Jérusalem-Est et en Cisjordanie occupées, a mis en garde le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos. Mme Ashton doit se rendre à partir d'hier et jusqu'au 18 mars en Egypte, en Syrie, au Liban, en Jordanie, en Israël, où elle est attendue le 17 mars, et dans les Territoires palestiniens occupés. Elle arrivera au beau milieu d'une énième phase de blocage des négociations entre Israël et les Palestiniens, provoquée par l'annonce de constructions juives à Jérusalem-est, dont l'annexion par Israël n'est pas reconnue par la communauté internationale. Mme Ashton doit aussi se rendre à Ghaza, où Israël lui a promis un accès, afin de se faire une idée de l'utilisation de l'aide humanitaire européenne et de la situation de la population. L'UE est le principal bailleur de fonds des Palestiniens et espère peser davantage à l'avenir sur le plan politique, aux côtés des Etats-Unis.