Tous les regards sont braqués sur le Sahel. En visite d'Etat à Washington, le président français, Nicolas Sarkozy, a abordé la question avec son homologue américain Barack Obama. Les deux chefs d'Etat suivent de près l'évolution dans cette région infestée par Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi). Les deux présidents veulent aussi profiter de leur rencontre de Washington pour doper leur coopération dans la lutte contre le terrorisme islamique dans les pays africains du Sahel. À l'Elysée, les proches du président déclaraient: «Les Américains constatent qu'on connaît la région et veulent qu'on y joigne nos forces.» L'organisation a, en effet, multiplié ces derniers mois les enlèvements d'Occidentaux. Trois humanitaires espagnols ont été enlevés en novembre dernier, l'un d'entre eux - une femme- a été libérée le 10 mars. Al Qaîda serait également impliquée dans les trafics de drogues et d'armes qui transitent par cette région. En outre, le Sahel représente une zone riche en ressources et matières premières, telles le pétrole, le gaz et l'uranium. Les appétits s'aiguisent. Américains et Français lorgnent ce plat. Les Chinois adoptent la théorie du coucou. La région peut servir également de base arrière militaire à même de permettre un contrôle sur tout le Maghreb et une bonne partie de l'Afrique. Cette rencontre entre Nicolas Sarkozy et Barack Obama intervient une quinzaine de jours après la réunion des chefs de la diplomatie de sept pays (Algérie, Burkina Faso, Libye, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad) de la bande sahélienne à Alger devant relancer la coopération sécuritaire. Pour rappel, si le Quai d'Orsay et le département d'Etat avaient exprimé leur soutien à l'initiative d'Alger, Paris et Washington s'interrogeaient sur les contours de la nouvelle stratégie régionale de lutte antiterroriste, sur la place accordée au partenariat avec les Occidentaux et sur le statut de leader régional de l'Algérie, un interlocuteur «pas facile». Pourtant, les «Sept» avaient plaidé pour une prise en main interne de la lutte contre Al Qaîda au Maghreb et dénoncé l'ingérence étrangère, notamment française. Apparemment ayant mal admis le refus de toute ingérence étrangère dans le dossier du Sahel, Nicolas Sarkozy est allé demander conseil à Barack Obama dont le directeur adjoint du Bureau fédéral d'investigation (FBI) américain était ces derniers jours à Alger.