Les déclarations du Premier ministre turc sur l'éventualité d'expulser les clandestins arméniens ont soulevé une vague d'indignation en Turquie et dans le monde. Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré hier, lors d'une rencontre avec des artistes turcs à Istanbul qu'il n'avait pas l'intention dans l'immédiat d'expulser les clandestins arméniens de Turquie. Revenant sur une menace proférée cette semaine qui a provoqué l'indignation en Turquie et à l'étranger, il a cependant demandé aux pays occidentaux de cesser de condamner son pays pour «génocide» du peuple arménien, les accusant d'«ingérence» dans les relations turco-arméniennes. M.Erdogan avait déclaré mardi au service turc de la BBC qu'il envisagerait d'expulser les Arméniens illégaux si les Parlements de par le monde continuaient à voter des résolutions sur le «génocide» des Arméniens par les Turcs, pendant la Première guerre mondiale, comme cela a été le cas ces dernières semaines, aux Etats-Unis et en Suède. «Il y a 170.000 Arméniens dans mon pays. Parmi ceux-là, 70.000 sont des nationaux, mais nous tolérons les 100.000 autres (...) Si cela était nécessaire, je pourrais être dans l'obligation de leur dire de retourner dans leur pays», avait-il averti. Le Premier ministre a expliqué, lors de sa rencontre avec des artistes turcs, que ses remarques visaient en fait à «attirer l'attention mondiale sur notre approche tolérante à l'égard de ces gens» (les clandestins arméniens), et ne signifiaient pas que «nous allons prendre immédiatement une décision» d'expulsion. Les massacres et déportations d'Arméniens dans l'Empire ottoman ont fait entre 1915 et 1917 environ 1,5 million de morts selon les Arméniens, et de 250.000 à 500.000 selon la Turquie, qui récuse la notion de «génocide» reconnue par Paris, Ottawa et le Parlement européen. «Ce que je dis, c'est que ceux qui votent ces résolutions sans fondement (sur un génocide)...devaient considérer l'approche humanitaire que nous avons concernant ce problème...Ils ne devraient pas s'ingérer dans les relations que nous avons avec nos voisins», a-t-il ajouté. Les déclarations de M.Erdogan sur la BBC ont provoqué l'indignation de l'Arménie et ont été critiquées par la presse turque et certains responsables du parti au pouvoir.