Seif al-Islam appelle les terroristes libyens activant dans les rangs de l'Aqmi «à ne pas combattre vos frères algériens qui ont suffisamment souffert». Le pouvoir libyen se réconcilie avec les groupes islamistes de son pays. Les autorités de ce pays ont annoncé, avant-hier, la libération de 214 islamistes armés qui activaient dans les rangs du Groupe islamique des combattants libyens (Gicl). Cette libération intervient après la médiation de la Fondation El-Gueddafi, dirigée par Seif al-Islam, fils du dirigeant libyen Mouamar El Gueddafi. D'ailleurs, c'est le premier dirigeant de cette Fondation qui a dévoilé la démarche entreprise par son père. «Aujourd'hui, l'Etat libyen annonce la libération de 214 prisonniers de différents groupes islamistes parmi lesquels 34 du Gicl, dont trois dirigeants», Abdelhakim Belhaj, l'émir du groupe, Khaled Chérif, le chef militaire, et Sami Saâdi, l'idéologue, a indiqué le fils du chef de l'Etat libyen dans une conférence de presse et dont les propos ont été rapportés par les agences. Cette démarche n'est pas la première du genre et s'inscrit dans le cadre du dialogue et de la réconciliation entamé en 2007, par la médiation de cette même fondation. «Avec la libération de ces dirigeants, nous sommes arrivés au terme de notre programme de dialogue et de réconciliation», a-t-il enchaîné. La Libye estime continuer dans cette même politique. La même source annonce la libération prochain de 232 autres islamistes détenus dans les geôles libyennes. Seif al-Islam avance un chiffre de 705 islamistes libérés ces trois dernières années. Ce chiffre passera, prochainement, à 937 personnes après la libération du prochain quota. «C'est un événement historique, le processus va continuer jusqu'à la libération des derniers prisonniers», a-t-il encore souligné. Et de se réjouir: «Rassembler les dirigeants du Gicl et la direction de la sûreté intérieure autour d'un thé, était un rêve qui vient d'être réalisé». Le nombre d'islamistes armés prisonniers est estimé aujourd'hui à 409. Le conférencier «rassure» qu'il n'y a aucun risque de voir ces islamistes rejoindre les groupes armés d'Al Qaîda. Et pourtant le Gicl avait réaffirmé en 2007 sa détermination à combattre le régime de Mouamar El Gueddafi. Pour y parvenir, il a annoncé il y a trois ans son ralliement à la nébuleuse islamiste de Oussama Ben Laden. Il s'agissait du deuxième groupe islamiste maghrébin à avoir rallié Al Qaîda, après le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (ex-Gspc) algérien qui s'est rebaptisé en janvier 2007 «Mouvement d'Al Qaîda dans les pays du Maghreb islamique». Revenant sur le bilan des affrontements entre islamistes et forces de sécurité libyennes, (dans les années 90), le fils du chef de l'Etat libyen annonce qu'il «s'élève à 165 morts parmi les forces de sécurité et 177 parmi les islamistes». Pour le conférencier, cette politique permettra au pays de dépasser une situation «tragique», annonce-t-il encore. «Nous sommes sur le point de mettre fin à une période tragique», s'est-il félicité. Seif al-Islam qui a également salué son père pour sa courageuse décision «de libérer les membres du groupe». Le 15 octobre 2009, la Fondation El Gueddafi avait déjà annoncé la libération de 88 islamistes libyens, dont 45 membres du Gicl. Elle avait alors indiqué que ces libérations avaient été obtenues «grâce aux efforts de la Fondation El Gueddafi». Le Gicl était dirigé depuis l'Asie centrale par Abou Laith al-Libi, un des tout premiers lieutenants d'Oussama Ben Laden, tué en février 2008 par un missile américain dans les zones tribales du nord-ouest du Pakistan. Seif al-Islam a appelé par ailleurs les Libyens qui «combattent dans les montagnes algériennes ou les déserts du Mali ou de Mauritanie», en allusion aux membres de l'Aqmi, à «jeter les armes et à rentrer en Libye». «Ils peuvent nous contacter et rentrer chez eux avec la garantie» de ne pas être arrêtés. «Vos frères en Algérie ont souffert suffisamment. Vous n'avez pas à les combattre», a-t-il lancé.