Photo : Riad Par Amel Bouakba Le conflit opposant Saïd Barkat aux praticiens de la santé publique s'enlise chaque jour un peu plus. Le ministère de la Santé passe aux sanctions à l'encontre des praticiens du secteur public, en grève depuis quatre mois, en les menaçant carrément de révocation. La décision est tombée, lundi dernier, dans un communiqué, tel un couperet. Le département de Saïd Barkat a annoncé avoir «décidé de mettre en œuvre des mesures prévues par la réglementation du travail après avoir enregistré, dit-il, avec regret la poursuite de la grève des praticiens de la santé publique». «Une grève dit-il, jugée illégale par la justice», précise le communiqué. Saïd Barkat avait dernièrement annoncé que «la justice avait ordonné l'arrêt de la grève et la reprise du travail» mais les deux syndicats, en l'occurrence le Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP) et le Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP) qui assurent un service minimum, ont, malgré tout, décidé la poursuite du mouvement qu'ils reconduisent chaque semaine pour faire aboutir des revendications socioprofessionnelles. Celles-ci portent notamment sur la révision d'un statut particulier promulgué fin 2009, l'ouverture de discussions sur le régime indemnitaire ou l'octroi d'un quota de logements de fonction. Le ministère indique dans le communiqué qu'«il sera procédé à la retenue sur salaire pour l'ensemble des journées de grève et l'envoi de mises en demeure individuelles à l'ensemble des praticiens en abandon de poste». Il a affirmé qu'à l'issue de ces procédures, «les mesures de révocation seront entamées contre tout praticien qui n'aura pas rejoint son poste de travail». Le ministère de la Santé, qui invite l'ensemble des praticiens de la santé publique à rejoindre leur poste de travail, «réitère son invitation au dialogue et la concertation, estimant être convaincu que c'est la seule voie pour permettre la prise en charge responsable de tous les éléments concourant à l'amélioration des conditions socioprofessionnelles des praticiens de la santé publique». La réaction des praticiens ne s'est fait attendre. Les deux syndicats ont annoncé, hier, lors d'une conférence de presse, la poursuite de leur mouvement de grève. «La grève se poursuit le plus normalement possible», a indiqué le Docteur Lyes Merabet, porte-parole du SNPSP. Il a fait part de la tenue, ce jeudi et demain vendredi, de conseils nationaux des deux syndicats «afin de prendre les décisions qui s'imposent auprès des adhérents convoqués localement et de la base». «En attendant, le débrayage se poursuit, affirme le Dr Merabet. Les deux syndicats ont rejeté en bloc la notion «d'abandon de poste», estimant que «les praticiens sont toujours restés à leur poste dans le cadre du service minimum qu'ils ont toujours assuré». Par contre, il y a lieu de parler «d'abandon» de la part des pouvoirs publics, a regretté le Dr Merabet, évoquant l'attitude du ministre de la Santé qui, dit-il, «nous a abandonné à notre propre sort et voilà maintenant qu'il sort de sa réserve pour annoncer une série de sanctions qui vont en porte-à-faux avec la réglementation et le droit constitutionnel». Il a ainsi vivement critiqué «le comportement contradictoire de Saïd Barkat, qui les invite, d'un côté, à la table des négociations et, de l'autre, les menace de révocation.» Et d'ajouter : «Nous avons des PV de réunions, dont la dernière date de mercredi dernier et à aucun moment il ne nous été fait part de l'illégalité de notre mouvement», affirme-t-il. De plus, précise t-il, «nous n'avons à aucun moment été notifiés d'une quelconque décision de justice». Le comble, s'offusque-t-il encore, «c'est que Barkat met en exergue une décision de justice qui date de l'année dernière (décembre 2009).» Les syndicats, hors d'eux, dénoncent une gestion chaotique et anachronique du conflit, qui, selon «en l'absence de dialogue ne peut qu'aboutir à un pourrissement de la situation».