Emboîtant le pas à son collègue du département de l'Education, le ministre de la Santé a décidé de passer à l'action pour mettre fin à la “non-assistance à personne en danger” dont il a accusé les praticiens grévistes depuis trois mois. En effet, la menace lancée, il y a une semaine par M. Barkat depuis la Safex à l'adresse des médecins grévistes est en voie d'exécution. “Nous allons appliquer la loi car la grève est illégale”, avait averti M. Barkat à l'ouverture du salon international du médicament générique le 14 mars dernier. La décision est aujourd'hui prise et les premières sanctions vont tomber, annonce le ministère de la Santé et de la Réforme hospitalière à travers un communiqué. Insistant sur “l'obligation de garantir l'accès de la population aux soins”, le ministère de la Santé a informé l'ensemble des praticiens et spécialistes de la santé publique que “la réglementation en vigueur sera appliquée”. Il sera ainsi procédé à une série de mesures dictées par la loi dans le cadre d'une grève “jugée illégale” pour mettre les médecins et spécialistes grévistes au pied du mur. Plus précisément note le document officiel “pour que cesse la prise en otages des malades et de leurs parents”. Principale sanction annoncée par le ministère de la Santé, la retenue sur salaire pour l'ensemble des journées de grève. C'est-à-dire depuis le début du mouvement de débrayage qui remonte à quelque trois mois déjà. Aussi au lieu de recevoir leurs fiches de paie, les grévistes seront destinataires de mises en demeure individuelles pour abandon de poste. Dans le cas où les grévistes n'abdiquent pas, le ministère de la santé passera “aux mesures de révocation contre tout praticien qui n'aura pas rejoint son poste.” Le département de Saïd Barkat justifie le recours à ces moyens de pression par le fait que le mouvement de grève des praticiens n'a plus lieu d'être. Selon le communiqué du ministère de la Santé “des avancées ont été enregistrées dans le traitement des revendications socioprofessionnelles et des séances de concertation et de réconciliation” avaient eu lieu au siège de tutelle. Un discours aux antipodes de celui des praticiens de la santé publique qui ont estimé, il y a quelques jours seulement, qu'il n'y a aucune avancée et que les réunions avec la tutelle n'ont abouti à rien de concret notamment en ce qui concerne la revendication du statut particulier. Enfin, les pouvoirs publics semblent décidés à réserver le même traitement à toutes les tensions sociales : faire une longue sourde oreille avant d'actionner la machine judiciaire. C'est l'éternel scénario.