c'est au tour des mécaniciens et des aide-mécaniciens d'observer ce débrayage après l'expiration de l'ultimatum que ces derniers avaient lancé il y a quelques mois. Des milliers de voyageurs sont restés sur le quai hier à Alger, en raison de la grève lancée par les cheminots. Ce débrayage surprise a causé une grande perturbation dans le réseau du transport ferroviaire notamment dans la banlieue d'Alger, mais qui s'est étendu également aux autres wilayas comme Oran, Chlef, Boumerdès, Bordj Bou Arréridj où certains trains ont été immobilisés. Ce sont les mécaniciens et les aide-mécaniciens qui ont observé ce débrayage suite à l'expiration de l'ultimatum que ces derniers avaient lancé il y a quelques mois, nous explique-t-on. Cela fait trois mois que la section syndicale des mécaniciens a déposé une plate-forme de revendications accompagnée d'un ultimatum d'un mois, prolongé deux fois consécutives. Comme pour tous les autres corps sociaux et les autre syndicats, les revendications des cheminots sont d'abord d'ordre salarial et professionnel. Ils demandent à la direction de la Sntf (Société nationale des transports ferroviaires), une amélioration de leur situation socioprofessionnelle et sécuritaire et l'augmentation des indemnités liées aux risques de travail et aux longs déplacements. Ainsi, après les médecins, les enseignants c'est au tour des travailleurs des communes et des cheminots de débrayer. La date d'hier coïncide avec l'expiration de cet ultimatum déposé auprès de la direction de la Sntf. «Un seul autorail a quitté hier la ville de Chlef vers Alger», a-t-on appris de la part des syndicalistes rencontrés hier. Cette liaison est assurée habituellement par quatre autorails. «Deux navettes aller-retour Alger-Blida et Alger-Thenia ainsi que deux trains rapides Alger-Oran ont été assurés durant les heurs de pointe», selon des mécaniciens grévistes rencontrés au dépôt d'Alger. Habituellement, les lignes Alger-Blida et Alger-Thenia connaissent plus de 80 départs par jour. «Dans les conditions normales, le nombre de départs tous trains confondus dépasserait 80», indiquent nos interlocuteurs ajoutant que «le taux de suivi de la grève est estimé à 100%». C'est dire que la grève a été largement suivie. Il nous a été impossible de confirmer ces chiffres auprès de la direction de la Sntf hier, qu'on a tenté de joindre durant l'après-midi. Il convient de signaler que ces quelques départs constituent le service minimum assuré par les chefs mécaniciens non concernés par la grève. Le débrayage est motivé par la non-satisfaction d'une plate-forme de revendication axée sur 10 points. La principale doléance est relative au salaire de base. La majoration de la prime de risque, celle du kilométrage, l'obtention d'une prime de restauration ainsi que les augmentations de salaire décidées par la dernière tripartite et la révision de la grille des salaires sont entre autres revendications des grévistes. «Plus le diplôme et le degré de la responsabilité sont importants plus le salaire est tiré vers le bas», c'est ainsi qu'est résumée la situation socioprofessionnelle des mécaniciens conducteurs et leurs assistants. De l'application de la nouvelle grille des salaires, il ressortait que «le salaire de base d'un agent manoeuvre de gare dépasse celui du directeur d'attraction du rang d'ingénieur», fait savoir un des contestataires. «Le salaire de base d'un conducteur locomotive principale et les mécaniciens de grandes lignes n'excède pas les 16.000 DA alors que celui d'un mécanicien de manoeuvre est de plus de 23.000 DA», fulminent les mécaniciens grévistes. A l'heure où nous mettons sous presse, les négociations entamées depuis la matinée entre la section syndicale et la direction des ressources humaines de la Sntf n'ont abouti à aucun résultat. Ce sont les citoyens qui ont fait les frais de ce débrayage non annoncé. Des milliers de personnes surtout des travailleurs, ont été contraints hier, d'emprunter d'autres moyens de transport pour regagner leurs foyers dans un désordre indescriptible. En effet, le manque de bus, de taxis ajouté aux embouteillages aux heures de pointe, ont fait vivre un calvaire aux citoyens.