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Séquences de vie à Tam
SANTE, RESSOURCES HYDRIQUES ET TRANSPORT
Publié dans L'Expression le 30 - 03 - 2010

Durant la nuit, un seul médecin urgentiste travaille à l'hôpital de la ville. Aussi, une citerne d'eau de 3000 litres coûte 2500 DA.
Tout commence par une douleur ressentie au niveau de l'estomac. Hamid, un artiste peintre, a le visage crispé. Il quitte précipitamment la table du dîner au restaurant. Il regagne sa chambre à l'hôtel Tahat. Ses copains Farid et Amine le suivent. L'état de leur ami les inquiète au plus haut point. Cependant, ils ne laissent rien paraître de leur angoisse. «Ça va te passer», rassure Farid, un ingénieur en hydraulique. Le timbre de sa voix a failli le trahir, n'était l'intervention de Amine. «Je vais te chercher une tisane. Tu verras, ça te soulagera dans peu de temps», dit ce poète à ses heures perdues. La douleur s'intensifie. Hamid n'en peut plus. Allongé sur le lit, il essaie de se relever.
Soudain, il sent le monde tourner autour de lui. Les murs et les meubles de la chambre lui semblent être soulevés par une tornade qui a sévi sans prévenir. Farid n'en peut plus. Il appelle Amine sur son portable. «Cherche-nous un taxi ou un clandestin, nous devons l'emmener à l'hôpital. Son état s'aggrave», lui dit-il. Dix minutes plus tard, Amine arrive. «Le clandestin attend dehors», dit-il le souffle court. Les deux amis emmènent Hamid à l'hôpital. A Tamanrasset, le transport est assuré par les taxieurs. A défaut, ce sont les clandestins qui prennent le relais. Des arrêts de bus se trouvent partout dans la ville, seulement, les bus ne viennent jamais. Les trois amis arrivent à l'hôpital, le seul qui couvre toute la wilaya de Tamanrasset sur une superficie de 557.906 km² et une population estimée à près de 175.000 habitants. Il est 20h. Les trois amis parviennent aux urgences. Sur les lieux, un couple arrive avec son fils.
Cet adolescent a du mal à poser son pied sur le sol. Inquiet, le père part à la recherche de la perle rare...un infirmier. La maman reste au chevet de l'enfant. La porte du cabinet du médecin urgentiste s'ouvre enfin. Et apparaît un infirmier qui invite la mère et l'enfant à entrer. A défaut d'un chariot, Farid se propose de porter le malade. Il le fait entrer chez le médecin. Quelques instants après, un vent de panique envahit les lieux. Deux infirmiers arrivent avec un chariot portant un homme. Ce dernier est inconscient. Deux hommes et une femme l'accompagnent, ils sont certainement de la famille. Au comble de l'angoisse, la femme tâte le visage de l'homme d'une main tremblante. A la vue de ce spectacle, Hamid est affligé au point d'oublier sa propre douleur. L'homme est introduit dans le bureau du même médecin. Quelques instants après, le chariot sort. Il prend la direction du service des admissions. Dans tout ces brouhaha, le père de l'adolescent arrive...seul. Il s'inquiète pour son fils. Son état nécessite une radio. Arrive enfin le tour de Hamid. «Vous ressentez des douleurs à quel niveau exactement?», lui demande le médecin, une fois dans le bureau. «Au niveau de l'estomac», répond Hamid.
Le toubib l'ausculte. «Vous êtes seul à travailler au niveau des urgences à ce que je constate», demande Farid dont la tournure bizarre des événements a éveillé sa curiosité naturelle.
«Malheureusement oui, des fois il m'arrive de recevoir une centaine de patients», rétorque le médecin sur un ton de lassitude. Entre-temps, le père revient avec son fils. La radio est formelle. Son fils a le tibia fracturé. «Sa prise en charge est une longue histoire», déplore le père. Le médecin revient vers Hamid. Son diagnostic est approximatif. En effet, Hamid a le choix entre l'intoxication, la gastrite et la maladie des reins. «Alors, docteur, laquelle de ces maladies vous me choisissez?», demande le peintre à bout de souffle. En guise de réponse, le médecin l'oriente vers un cabinet privé pour une échographie. «Il ne peut pas la faire au niveau de l'hôpital?», demande Amine. «L'échographie de l'hôpital est réservée aux malades hospitalisés». Au demeurant, Hamid a droit à une perfusion pour le soulager de ces douleurs. Les trois copains sortent du bureau.
Ils déambulent à l'intérieur de l'hôpital, à la recherche d'une salle pour la perfusion. Un vide sidéral règne à l'intérieur de l'édifice. Au service admission et observation, le bureau du médecin permanent est fermé. Dans les salles réservées aux malades, hommes et femmes se côtoient. Il n'y a même pas de rideaux de séparation. Ici, le respect de l'intimité est un voeu pieux. A cela s'ajoute l'insalubrité des lieux. Les malades donnent l'impression d'être livrés à eux-mêmes. «Cela fait deux semaines que je suis ici. Durant la nuit, aucun infirmier ne vient nous voir», révèle un homme, la cinquantaine révolue. Au service pédiatrie, la situation n'est guère meilleure. Les trois amis ne trouvent ni salle, ni même un infirmier. «Sortez-moi de ce lieu», supplie Hamid, au bout du rouleau. Ils décident de sortir. A l'extérieur, ils prennent un taxi clandestin. «Cela fait trois ans que j'hésite à effectuer une ablation du kyste», confie ce dernier. Originaire de Tiaret, cela fait 10 ans qu'il vit à Tamanrasset. Cet homme a l'allure d'un jazzman. Pour lui faire oublier son mal, Hamid invite le chauffeur à faire le tour de la ville.
Le véhicule arrive à Gattaâ El Oued. Sur cette placette, des camions-citernes sont garés. Tout autour, une foule impressionnante. «Une citerne de 3000 litres coûte 2500 DA», affirme Abdekrim, l'un des vendeurs d'eau potable. Les quartiers de la ville ne sont pas alimentés en cette denrée vitale.
«Les châteaux de la ville ne servent que les administrations, leurs représentants et les sociétés étrangères», déplore Abdallah, un père de famille. Ce dernier est obligé d'acheter une citerne chaque 15 jours. Cela lui revient à 5000, voir 6000 DA par mois. Les prix de l'eau sont variables et évoluent selon les saisons. Les vendeurs se lèvent très tôt pour aller remplir leurs citernes auprès de propriétaires de puits. Parfois, ils effectuent des parcours de 60 km à la recherche de l'élément essentiel de la vie. C'est le cas quand ils prennent la direction de la région de Izerzi. Pour creuser un puits, le propriétaire doit débourser entre 6000 et 7000 DA le mètre creusé. Cela revient jusqu'à 100.000 DA le puits. «Ces travaux sont réalisés sans l'aide de l'Etat», regrette Abdelkrim. Et ce dernier de jeter un véritable pavé dans la mare: «Ces derniers jours, le secrétaire général de la mairie a procédé à la fermeture de 5 ou 6 puits à Outoul (à une quinzaine de km de Tamanrasset», fulmine-t-il. Cette mesure est mal perçue par la population. Devant toute cette misère, la douleur de Hamid s'estompe. Le chagrin qui l'envahit est plus intense que son mal. Affligés, les trois copains rentrent à l'hôtel. Alors qu'une partie infime de privilégiés se permet le luxe de festoyer, l'écrasante majorité de la population meurt à petit feu. Le contraste est dramatique.


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