Ils sont trente-cinq, tous des amoureux du théâtre. Ils sont tous des jeunes, dynamiques et avides de savoir. Filles ou garçons, homme ou femme, ils sont là pour perpétuer l'acte théâtral. Ils sont enseignants, éducateurs, animateurs dans le mouvement associatif ou étudiants. Ils sont venus de toutes les régions de la wilaya de Tizi Ouzou. Ils ont élu domicile à l'auberge des jeunes de Tigzirt depuis vendredi. Ils y resteront jusqu'à la fin du mois. Eux, ce sont les stagiaires. Leur mission: apprendre à faire du théâtre. Ils sont dans une auberge, mais ils ne sont pas en vacances. Ils ne se reposent pas. Bien au contraire, ils travaillent d'arrache-pied pour finaliser le spectacle de clôture du stage bloqué de formation théâtrale initié par le Théâtre régional de Tizi Ouzou. Ils sont encadrés par des cadres renommés du Théâtre national. Aïssa Djekati, Amar Selami, Kamel Baïche, Rachid Lalam, Ibrahim Chergui, Karima Sakri, Malika Belkaci et Mohamed El Hadj Messaoud, autant de professeurs qui prennent en charge ces stagiaires sur de nombreux aspects liés au théâtre. De la réalisation théâtrale à l'art d'interprétation en passant par l'écriture dramatique, la danse folklorique, le sport et l'animation culturelle, la danse moderne, la diction et enfin l'interprétation muette (pantomime), les stagiaires subissent une formation accélérée mais combien bénéfique. C'est Ferroudja Idji, la chargée de communication qui nous reçoit à notre arrivée. Connaissant bien son métier, elle trouvera très rapidement de quoi nous occuper en attendant l'arrivée de la directrice du Trto, Mme Fouzia Aït El Hadj. Documentation en main, elle nous invite à voir de près ce que fait le professeur Hadj Messaoud M'hamed. Ce diplômé d'études supérieures en art dramatique nous gratifiera d'un spectacle haut en couleur avec ses stagiaires qui suivent et appliquent le moindre de ses conseils dans une séance de maîtrise du corps. Emportés par la beauté du geste, c'est encore une fois Ferroudja qui nous invite à une autre séance, cette fois-ci, de danse moderne. C'est le cours de Mme Sokri puis une autre séance de danse folklorique chez Mme Rachida Lalam. Partout, le sérieux est de mise. Puis s'ensuivent des rencontres avec les professeurs encadreurs. Au sujet du théâtre, d'autres thèmes d'actualité sont discutés avec nos interlocuteurs, tous enchantés d'aborder tout avec nous. Nous bavardons ainsi près d'une heure avant que la chargée de communication ne vienne une nouvelle fois, nous arracher à nos désormais amis. «Mme Aït El Hadj est arrivée», annonce-t-elle. Une dame respectable nous accueille avec un large sourire. Les présentations faites, le débat s'enclenche directement autour du stage de formation et les objectifs assignés. Tout en nous faisant visiter les différentes structures d'hébergement, de restauration, Mme Aït El Hadj nous explique toute l'étape de préparation de ce stage. «Le choix des participants vise à pérenniser l'activité théâtrale dans notre pays», nous indique-t-elle. Comme pour être plus précise, elle ajoute: «Nous avons opté pour des enseignants, des éducateurs et animateurs du mouvement associatif et les étudiants pour être sûrs que les fruits de nos efforts puissent toucher d'autres sujets, notamment les enfants.» M.Belbaz Lazhar, directeur artistique et technique du Trto intervient pour compléter: «Nous avons fait en sorte que ce stage puisse être bénéfique à l'avenir pour d'autres aspirants à la pratique théâtrale.» Avec ces hommes et femmes, le temps passe vite. Le voyage a été fatigant; cela se lisait sur nos visages et c'était sans doute pour cela que M.Lazhar nous invite à nous installer dans un hôtel tout proche du centre de formation. Le rendez-vous est pris pour le dîner du soir. À 20 heures trente minutes, stagiaires, formateurs, encadreurs sont déjà installés dans le réfectoire de l'auberge, lorsqu'on les a rejoints. Au menu ce soir, de la soupe de poisson, un plat de résistance, viande et divers légumes, et des pommes au dessert. Dans une ambiance bon enfant, on dîne tout en discutant de l'actualité. Nous avons la chance de partager la même table que M.Aïssa Moulefera, auteur de 45 pièces théâtrales, 7 premiers rôles et 6 pièces de feu Abdelkader Alloula. Près de lui, Bouziane Ben Achour, journaliste et auteur de 9 pièces théâtrales, toutes montées et jouées par des troupes professionnelles. Il est également essayiste et romancier. Avec eux, nous avons abordé presque tout ce qui défraie la chronique nationale du moment. Le journalisme, les scandales...Tout y est passé jusqu'à l'ultime moment de partir car Bouziane Ben Achour devait, juste après le dîner, animer une conférence. De manière didactique, il expliquera aux stagiaires ce qu'est une écriture théâtrale. Face à un public visiblement conquis, le journaliste s'est laissé aller à des explications fort utiles pour qui aspire jouer un rôle à l'avenir dans l'art du théâtre. Malgré la fatigue du jour, les stagiaires ont marqué leur intérêt à travers des questions fort pertinentes. Il se fait tard. Le repos est nécessaire. Sur ce, tout le monde rejoint sa place pour une nuit de repos bien méritée. Nous les retrouvons le lendemain matin avec la même détermination à prendre le maximum de cette formation. Séance après séance, les stagiaires apprennent pour transmettre aux autres. Le théâtre est tellement important dans la société que ce stage bloqué reste une initiative salutaire. Un grand bravo à toute l'équipe. Quant à nous, nous garderons un très bon souvenir de ce passage dans une ville qui nécessite des pages et des pages d'écriture pour la présenter. Tigzirt était belle ce jour-là.