Une piste étrangère dans cet attentat, perpétré dans le métro à l'heure de pointe, a été évoquée par le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. Au moins 39 personnes ont été tuées dans le double attentat suicide lundi matin dans le métro de Moscou, le plus meurtrier de ce type depuis 2004 et attribué par les autorités à deux femmes kamikazes liées à des groupes rebelles du Caucase russe, bien qu'une piste étrangère ne soit pas exclue. «Une femme grièvement blessée est morte dans la nuit», a déclaré Andreï Seltsovsky, chef du département de santé de la municipalité de Moscou, cité par l'agence RIA-Novosti. Le précédent bilan faisait état de 38 morts, selon le ministère des Situations d'urgence, et de 64 blessés, un bilan qui ne tenait pas compte des deux femmes qui ont actionné des ceintures d'explosifs. Une piste étrangère dans cet attentat, perpétré dans le métro à l'heure de pointe, a été évoquée par le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. «Je ne l'exclus pas, on ne peut rien exclure», a déclaré M.Lavrov, cité par l'agence Interfax, à des journalistes au Canada. «Nous tous savons très bien que des terroristes clandestins sont très actifs à la frontière entre l'Afghanistan et le Pakistan. Nous savons que plusieurs attentats y sont préparés, pour être perpétrés non seulement en Afghanistan, mais aussi dans d'autres pays. Parfois, ces itinéraires vont jusqu'au Caucase» russe, a indiqué le ministre. Les dirigeants russes ont vivement réagi après ces attaques, le Premier ministre Vladimir Poutine, qui a écourté un voyage en Sibérie, promettant que les «terroristes» seraient «anéantis». Le président Dmitri Medvedev a condamné dans les mêmes termes ces actes commis selon lui par des «bêtes sauvages». «Je n'ai pas le moindre doute: nous les retrouverons et ils seront tous anéantis», a déclaré M.Medvedev dans la soirée dans la station de métro Loubianka, après avoir déposé une gerbe de roses rouges sur les lieux du drame. De nombreux dirigeants du monde entier ont fermement condamné le double attentat. La chef de la diplomatie américaine Hillary Clinton a qualifié le terrorisme d'«ennemi commun». «Que l'on soit dans le métro de Moscou, le métro de Londres, un train à Madrid ou un immeuble de bureaux à New York, nous faisons face au même ennemi», a-t-elle affirmé dans un entretien à la chaîne canadienne CTV. La première explosion à Moscou a retenti dans la station Loubianka, à quelques centaines de mètres du Kremlin, à 07H57 locales (03H57 GMT), un lieu hautement symbolique, cette station desservant le siège du FSB (ex-KGB). La deuxième explosion s'est produite à 08H36 (04H36 GMT) sur la même ligne, à la station Park Koultoury, également dans le centre. Des fragments des corps de deux femmes considérées comme responsables des explosions ont été retrouvés, selon le comité d'enquête du parquet russe. Elles portaient des ceintures d'explosifs. Le directeur du FSB Alexandre Bortnikov a mis en cause la mouvance rebelle de l'instable Caucase du Nord, ensanglanté depuis les années 90 par les deux guerres en Tchétchénie. «Selon la version préliminaire, les attentats ont été commis par des groupes terroristes liés à la région du Caucase du Nord», a-t-il déclaré. Néanmoins, aucun groupe n'a encore revendiqué ces attentats qui interviennent alors que les forces russes ont multiplié ces derniers mois les opérations contre les rebelles du Caucase, tuant notamment en mars deux de leurs leaders. Une source au sein des services de sécurité a indiqué à l'agence Interfax que l'identité des deux kamikazes et celles de deux autres femmes qui les auraient accompagnées jusqu'au métro avaient été établies grâce à des vidéos de surveillance. Ces deux femmes, ainsi qu'un troisième complice possible - un homme - sont recherchés par la police, selon la même source. Les sauveteurs ont sorti de la station Loubianka les corps des victimes dans des sacs mortuaires posés sur des civières métalliques, placées dans une ambulance. Les accès à la station étaient bloqués par des dizaines d'agents de la police antiémeute, tandis qu'à proximité plusieurs dizaines de véhicules de la police et de sauveteurs étaient stationnés. Le maire de Moscou, Iouri Loujkov, a décrété hier, mardi journée de deuil dans la capitale. Moscou a été frappée plusieurs fois depuis les années 90 par des explosions mortelles mais le dernier attentat d'ampleur dans le métro remonte au 6 février 2004. Il avait fait 41 morts et 250 blessés.