Faux barrages, racket, assassinats et attentats au grand jour meublaient la période allant de 1998 à 2001. Après une accalmie qui n'aura duré que quatre mois après l'élimination de l' «émir» Hadj Ali au mois de mars dernier, Boghni replonge de plain-pied dans l'enfer de l'hydre terroriste. Ainsi à l'instar de toutes les villes martyres d'Algérie, Boghni subit les affres du terrorisme depuis 1997, avec l'entrée en dissidence de Hassan Hattab et Dichou avec le GIA et la création du Gspc, dont le quartier général a été installé en Kabylie. Depuis, le quotidien de Boghni se conjuguait avec le lot de malheurs que charrient la bête immonde. Faux barrages, rackets, assassinats et attentats au grand jour meublaient la période allant de 1998 à 2001. Or, cette cité située à une trentaine de kilomètres de Tizi Ouzou, porte toujours les stigmates des hordes du Gspc. Avant 1997, Boghni n'a connu que quelques attentats sans gravité. A l'époque où Aït Ziane, Hadj Brid et Kamel Zoubiri régnaient en maîtres sur la ville de Tizi Ouzou, Boghni était considérée comme simple zone de repli ou de transit entre Sidi Ali Bounab et Z'barbar. Toutefois avec la proclamation du Gspc, la région allait s'embourber dans le gouffre terroriste, devenant ainsi la région-pivot de la zone II, c'est-à-dire le centre dans les plans de Hattab et Abdelkrim Hadj Ali, natif de Draâ el-Mizan désigné «émir» zonal de la région qui s'étend de Takhoukhth à l'Est jusqu'à Tizi Ghennif à l'ouest avec comme principal point d'appui Boghni. Et en un laps de temps très réduit, les massifs forestiers de Boumahni et d'El Medj étaient infestés de terroristes. Les premiers attentats sont signalés çà et là. Les cibles privilégiées des sbires de Hattab étaient les agents de l'ordre. Ainsi, cinq policiers seront assassinés entre 1998 et 2000. Pour sa part, le commissariat a subi plusieurs fois des attaques à visage découvert. Le CW128 reliant Tizi Ouzou à Boghni s'est transformé en véritable coupe-gorge et la mort rôdait de jour comme de nuit au lieudit «le Pont noir». Devant cette recrudescence, les premiers barrages militaires seront dressés. Néanmoins, ce corps allait, lui aussi, payer un lourd tribut, notamment, l'attentat spectaculaire de 1999 qui a coûté la vie à 38 jeunes appelés. Les murs de la ville également ne sont pas ménagés. La terreur était de mise et toute activité cessait à partir de 17h00. Les commerçants sont fréquemment visités pour leur exiger de payer la dîme. Les terroristes s'acharnaient surtout sur les bars, dont la plupart étaient obligés de travailler rideaux baissés aux premières heures de la nuit. A ce titre, l'établissement Thiniri était incendié en décembre 1999 et son tenancier condamné à mort par Hattab en personne. C'est dire que Boghni, qui n'a enfanté aucun terroriste, a souffert de ce fléau plus que les villes voisines. La prospérité de la ville a été un facteur déterminant dans cet acharnement du Gspc sur cette cité. Abdelkrim Hadj Ali, ancien restaurateur à Draâ El-Mizan et qui a rejoint le maquis en 1994 sous les ordres de l' «émir» Ahmed Baïche (repenti dans le cadre de la loi de la Rahma de Zeroual), faisait parler de lui presque chaque semaine. A la tête d'une phalange de 8 à 10 éléments, Hadj Ali réussissait à passer entre les mailles des services de sécurité à chacun de ses tristes exploits. Son groupe extrêmement mobile, connaissait parfaitement la région. Cependant, il tombait dans une souricière tendue par la Bmpj de Boghni à Aïn Zaouia au mois de mars dernier. Ce jour-là, ce sinistre individu était venu extorquer 100 millions de centimes à un commerçant de la région. Depuis la liquidation de Hadj-Ali, Boghni a quelque peu desserré l'étau terroriste, mais, ses forces de nuisance se sont soudainement régénérées en août dernier. On parle de la réactivation de la Seriat de Boghni avec à sa tête un nouveau sanguinaire appelé «El-Msili» secondé par «Errougi». Autrement dit, le cauchemar reprend pour les habitants de Boghni.